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NE GÂCHE PAS MON ENFER AVEC TON PARADIS

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- Hell or Paradise -


› messages : 747
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Eden Gainsbourg

Eden Gainsbourg
Sujet: NE GÂCHE PAS MON ENFER AVEC TON PARADIS
Dim 10 Jan - 21:08


   
   Ce n'est pas en regardant la lumière qu'on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité.
La pièce luit des rayons mordorée, l’aube pointe son nez d’une femme élégamment habillée, pourpre et or se marient dans le spectacle du levé, les rayons plantent leur dards affamés des épidermes cotonneux tantôt sirupeux des passants prêt à partir travailler. D’un hublot tranché dans la cave de cristal l’enfant s’éveille à une nouvelle journée, fade, morne, où le livre de la veille tremble de larmes projetées sur la couverture en dentelle. Un pas, deux, puis l’armoire des mésaventures, celle dissipée dans les méandres de l’affolement, elle expose, obscène, ses étoffes chaleureuses de transparence, quelques fils d’argent osent trembler sur des endroits pernicieux. D’ailleurs, princesse frêle dans son cocon immaculé arbore une incandescence honteuse, une délicatesse somptueuse, elle garde encore des ravages de sanglots sur ses joues ocellées de rosé. Devant la porte, le même rituel, la poignée déchirée, forcée, d’espérance pour l’ouverture menant à la liberté, mais elle reste close la perfide de bois, statique, d’une serrure soigneusement érudite. Alors le visage poupin se tourne vers les cieux obscurcis d’un plafond terrible, d’un plâtre blanchâtre ne laissant l’invitation des rêves, une lanterne, crue, superficielle s’éteint dans l’alcôve parsemée de souffre qu’elle sent encore du passage de l’ogre ricanant les prouesses de désobéissance. Quand elle ferme ses paupière l’image rassurante d’un roi autoritaire apparait, quand elle ferme ses paupières, l’image d’un monarque vêtu de mille richesse emporte cavalièrement les âmes souffreteuses, quand elle ferme ses paupières elle désire la protection de ce chevalier solitaire. Du bout de ses doigts fins elle touche le carnet, secrètes pages dans les tréfonds d’un matelas noueux, défile le nom de celui innommable, le curieux de la vie, l’antithèse du souffle d’oxygène, Death dessiné mille fois, son portrait sur les marge. Tu me sauveras murmure-t-elle. L’arme coule dans sa paume, minuscule épingle se nichant sur la peau marbrée de l’angélique captive, le verrou poignardé, la patience miraculée d’une biche étranglée, le sursaut d’un désir abordé, c’est le souhait profond de s’échapper.

Les pas courent d’un affolement saccadé, victime de la victoire, ensuite l’effroi narguant les veines pailletées de courage, le prince dans sa tanière évaporé, elle fuit ce domaine des murmures étrangers, atrocités presque oubliées. L’enfant n’observe pas les montures fleuries dans ce jardin de Proserpine, n’observe pas les arbres délicieux, elle dégringole la barrière, chute, endolori le corps se relève téméraire, attend un moment pour juger des blessures appréhendées puis reprend sa course loin de ce présage de torture. Des rues qu’elle n’identifie pas, elle flâne lentement, regarde les vitrines toujours l’œil prudent et l’ouï vive, elle ne désire rien Eden que la paix promesse d’une mère décédée. Dans un magasin de prêt à porter elle déniche une chemise rapiécée, grise de la tristesse, un jean trop grand pour elle, des billets dans sa main serrée, inquiète, elle tend l’argent à la marraine, s’habille prestement, repart rapidement. Les aiguilles s’écoulent péniblement, les chaussures cependant se font plus insistantes, rassurées même. S’élancent les bagnoles dans le délabrement de la nature, elle voit les buildings artificiels, hauts édifices métalliques non supportés, les oreilles sensibles hurlent leur douleur d’une agressivité pérenne dans la ville pomme des américains obèses. Elle cherche le candélabre, la demeure du véritable, reste un moment tassée dans l’ombrage d’un enseigne commercial, soudain l’ensoleillée traverse la ribambelle, traverse les dangerosités motardes. A l’accueil on la soupçonne de mendier, la concierge s’assure d’une visiteuse, l’envolée silencieuse hoche la tête, timidement adresse le patronyme. Le chemin mainte fois connu dans l’esprit de la demoiselle elle galope au dernier étage, celui d’un paradis perdu.

Emerveillée la douce chérubine, elle contemple l’appartement tendre d’un bois serein, effleure respectueuse le calme des lieux ; émerveillée la féconde petite fille qui distille des sourires apeurés dans le salon, la salle de bain, la chambre s’idéalise dans ses iris nuancés d’étoiles, des cascades de joie. D’une couette bientôt défaite, la tête se coule, se fond dans les lignes de lin, de soie, le corps s’allonge, se détend, seule une mèche de ses cheveux d’ébène transpire la quiétude, la présence maintenant endormie de la fée.

Des pas, des paroles entendues, elle panique, figée au gouffre de la douceur des plis striés, la porte s’ouvre, le corps massif s’imbrique dans l’endroit caractériel, protecteur, des mains rugueuses où les fils de la vie semblent anesthésiée, habituée au néant de la mort. Elle anticipe, de sa voix pure, élogieuse, des gouttes cristallines résonnent entre les murs peinturés de motifs. « Ne me renvoyez pas là-bas. Vous m’avez sauvé plusieurs fois et plusieurs fois j’ai voulu vous remercier. Vous êtes mon ombre alors je me suis permise d’entrer. » Les images néanmoins s’incrustent pernicieuse dans la rétine, dans l’âme de l’ouragan innocent, maintenant son minois dépasse du linceul, ses ambres se fondent dans celles fascinantes du cavalier. « Je ne gâcherai pas votre enfer avec mon paradis je vous le promet. J’ai juste besoin d’un protecteur. J’ai besoin que l’on me prenne la main pour me consoler. » Alors la paume se joint à la pensée, implore à la jumelle masculine de s’avancer.
WILDBIRD
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- Hell or Paradise -


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Rorschach Milton

Rorschach Milton
Sujet: Re: NE GÂCHE PAS MON ENFER AVEC TON PARADIS
Dim 10 Jan - 21:49


   
   I've got to get to you first, before they do. It's just a question of time before they lay their hands on you and make you just like the rest. They've persuasive ways and you'll believe what they say
Galope la vie au regard du monarque. S’échangent les mots, les poignées de mains, les oeillades débordant de sentiments. Il frôle le monde, s’immisce dans la foule et cherche à les comprendre. Les vies humaines. La vie. L’éclosion menant à la fin, la perte terrible qu’ils craignent. De quelques uns qui ont déjà accepté l’idée, connaissent la finalité, mais pour la plupart – la bordure est symbole de souffrance, de poussières. Death séjourne parmi les mortels, se gave de leurs émotions, de la vie qui transpire. Des figures charmantes à qui il adresse la parole, les voudrait pour lui mais le compteur indique que non, pas encore. Les chiffres lui rappelle qu’il ne peut pas, n’a aucun droit de dérober des âmes pour le plaisir. Dommage. Les pas mènent jusqu’à un parc. Courent les enfants, crient les plus jeunes, se chamaillent chacun sous le regard bienveillant des parents. Un sourire se faufile, les traits se tendent. Il semble moins effrayant avec cette expression. Lui. Le vêtu de noir. Le drapé de négation. Les petits courent à son regard, jouent, quelques uns chutent, et se versent les larmes. Rien de grave. Arrive prestement un parent, figure rassurante. Les liens. C’est ce qu’il cherche à comprendre, à saisir depuis les débuts. Ce qui les relie les uns aux autres. Pourquoi ce besoin. Cette nécessité de chacun. Les enfants fascinent. Petites créatures innocentes dont certains affichent un repos à venir. Ils se veulent destinés à de grandes choses, de belles rencontres mais sur la dizaine du parc, deux rejoindront le cercueil avant leur quinze ans. Programmation de la mort. Une nécessité. Empêcher la prolifération de l’espèce humaine, contrôler la population, réguler. Injustice des choix. Lui n’est là que pour récolter, parfois négocier mais le sursis est pire, le trépas plus violent. Il regarde encore les petits, puis les parents. Questionnement. Aurait-il su, lui aussi ? Est-ce que tout est inscrit chez eux, un code, génétique comme disent les blouses blanches ? La réponse ne peut être formulée. Supposition de ce qu’il aurait été, de sa vie si il avait été comme eux, mortel, condamné, mais heureux.

La nuit chaparde les derniers rayons d’un soleil somnolant. New-York la sublime reste allumée de néons et éclairages douteux lui vrillant la rétine abimée. Les globes prennent leur véritable couleur, narguent la valse violine et ébène. Il s’assure la place sur le trottoir, l’écartement de la population. Le voilà roi. La présence d’un démon, la crainte insufflée qu’ils ne saisissent pas. Juste la peur, la terreur qui se faufile dans les tripes et les oblige à faire un pas de côté. Il s’amuse Rorschach, se fait le puissant d’un empire qui n’est pas le sien. Les buildings s’élèvent, ne trouvent jamais de répit. Quelques uns touchent les nuages, l’illusion sublime. La tête se penche en arrière, cherche à capturer le dernier étage. Il n’en voit rien. Noyé dans les cieux. L’ironie qu’il ait trouvé une habitation aussi haut. Là, presque à côtoyer les plumés. L’impatience se fait sentir, les clés à sa poche, les doigts qui s’agitent. Cage de métal dont il n’en supporte pas le transport. Myriade d’étages. Architecture métallique dont il sent chaque frémissement. S’ouvre la gueule de l’enfer, les portes accueillant d’autres vies.

Lui s’évade, rejoint la porte de son appartement. L’apaisement d’une journée trop longue. La terrible s’ouvre, l’étrangeté ne se remarque pas de suite. Epuisé. L’enveloppe martyrisée d’une marche trop longue. Le nœud de cravate est défait, le tissu déposé, les gants arrachés. Fausse vulnérabilité. D’une télécommande il enclenche les sons, les répercutions joyeuses bienvenues après une journée passée entre les klaxons des infernaux. Tonne un classique du jazz. Possession trop vaste, lieu immense, Death se dirige à la chambre, prêt au sommeil, prêt à chuter sans même retirer les toiles couvrant la chair. Recul à la main se posant contre la porte. La compréhension d’un danger, d’un changement. Odeur humaine à tout l’appartement. Le roi crache des paroles de la langue de son père, prévient, cherche si le fautif est là pour quelques psaumes destinés à le renvoyer en enfer. Aucune réponse. La surprise ricoche et se loge au visage. Petite tête brune. Princesse échouée dans son lit, entre ses draps. D’un conte qui lui revient en mémoire, Boucle d’Or l’intrépide. « Je ne sauve pas les gens de ton espèce, je vous octroie un sursis, de quoi profiter encore un peu de ce que vous adorez, mais je ne sauve personne » Sauveur. L’ombre d’une enfant. La mémoire fait défaut sur l’instant. Tout reviendra, plus tard. Il reste dans l’encadrement de la porte. Colosse ne trouvant pas sa place. « La porte était ouverte ou tu l’as fait toi-même ? » Des faucheurs qu’il accuse déjà pour leur manque de savoir-vivre, ces garnements incapables d’un peu de politesse et d’esprit pratique. Les mains a nues se logent aux poches, loin de celle qui est tendue. « Je ne te renvoie pas ce soir, je n’ai pas envie de parcourir la ville pour retrouver ta famille » Mortelle égarée. La situation l’intrigue, le dérange, l’effraie. « Tu as faim ? » Absurdité de la question. Les besoins primaires des mortels qu’il revoit, s’imagine qu’après le sommeil vient la faim.
WILDBIRD
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Eden Gainsbourg

Eden Gainsbourg
Sujet: Re: NE GÂCHE PAS MON ENFER AVEC TON PARADIS
Lun 11 Jan - 17:56


   
   Ce n'est pas en regardant la lumière qu'on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité.
Les vestiges d’un sommeil encore sous ses cils féérique l’enfant des campagnes ardentes plante ses deux océans sur le corps viril de l’apôtre au pas de la porte, comme un antre protectrice, comme le gardien de du repenti, comme le salvateur de son âme, la fillette sait qu’il pourrait lui accorder l’oubli, la sérénité, les glaces nostalgiques d’une tête tombée, roulant sur le parquet froissé d’un logis démuni. Eden écoute, un sourire timide, jolies lèvres s’étreignant sur le minois gardent les passages d’une terreur anoblie pendant une année, funeste destinée que l’enfermement d’une poupée. Les mots ricochent, balles d’incompréhension pour le géant aimé, ses iris chatoient d’un amusement respectueux pour le roi des faux et sa main se retire sous les couettes douillettes, chaudes d’un paradis fumant la détresse. « Je ne vous demande pas des années en plus. Le contraire, que vous me permettiez de rejoindre le paradis aujourd’hui. La mort serait pour moi un cadeau béni. » Mais l’ectoplasme d’un grand de marbre posait sa paume rugueuse sur le front de l’ange réclamant les baisers dangereux, l’ombre d’un prédateur amicale la berçant dans ses squelettiques bras amoureux, la belle alors, s’exclamait contre le vide, les larmes coulaient, coulent encore, d’une réminiscence égarée. « Je n’ai fait que pleurer depuis douze années. » murmure-t-elle surprise du bilan d’un passé détruit, les rêves saccagé par les tuteurs millénaires, fuis. « C’est de ma faute » L’enfant avoue, honnêteté suprême, Eden évocatrice d’une douceur parcheminée des feuillages fugitifs d’une lumière sacrée, sa peau de vestale brille par l’or de son âme, elle, le chérubin des nuits volées dans les alcôves démoniaques. A l’entente de demain elle se replie la naufragée, son corps épouse les soies, minuscule sirène, à l’entente de demain elle inspire apeurée, demain s’il décidait de la renvoyer… « Je n’ai plus de parent. Vous avez emporté la dernière figure maternelle quand j’avais douze ans. Mais si vous voulez me renvoyer près d’elle, ça serait avec plaisir. » Dans sa voix pas de menace ni de morne rancune, l’incarnation de la bonté pardonne, comprend, embrasse les moments tristes, les moments désespérés, elle se souvient du fauteuil de cuir rouge superposé à l’autre jumeau narguant l’effroi d’une cage ténébreuse. A la question l’ange se débat des drapés soyeux, la voilà assise la gentille personne, alerte l’adorable, manger… Elle refuse, secoue la tête mais rejoint tout de même l’ogre dans la cuisine.

Les ustensiles errent de plan en plan, casseroles et poêles disposées magiquement sur le sol bétonné d’une table moderne, elle se prend à toucher, effleurer, contrer l’ennui un apprentissage d’une captive, fermer les paupières et observer les débris d’histoires nébuleuses du propriétaire. « Vous aimez cuisiner. Je ne mangerai pas à vos côtés, à vrai dire, je ne mangerai pas du tout en réalité » Les grenades sanglantes offertes, les fraises de force dans sa gorge de lait, l’objet se fracasse contre le sol. Elle aimerait s’excuser, ramasser, pétrifiée est-elle devant la fenêtre, la lumière du crépuscule, coquine joueuse dessine les contours d’une silhouette juvénile, blessée, traumatisée, la chemise de lin transperce les défenses, dévoile les meurtrissures de coups féroces, sur l’épiderme moucheté d’hématomes, elle croise le regard curieux de l’hôte. Hausse ses épaules frêles mais elle chute l’enfant, mais elle hurle, fragile déesse. Echappée de l’asile, échappée d’un manoir féroce où les cris des prostituées résonnaient jusqu’à l’ouï ignorée, échappée d’une vie normale aussi le don imbriqué dans sa pureté. Dieu me protégera priait-elle à l’aube du couché, agenouillée devant la croix inversée. Et les pas du prince corné de vices, l’apparition cauchemardesque, le souffle sur la nuque marquée d’un feu incertain bruissant les douleurs exécrable, elle a goûté à l’appendice d’une aventure réservée, édifiée, l’agneau convoité. Se relevant courageuse reine, elle s’égare dans l’appartement, danse de ses jambes sculptées dans l’environnement, papillonne penseuse, dans l’étau d’une implacable histoire chevronnée. Les mots se bloquent, la voix silencieuse chante alors les psaumes latins et grecs d’un savoir interdit, des phrases de contrées embrasées du sous-sol du monde terrestre, les phrases d’un lac éphémère, le cygne nageant dans les nuages de larmes. La porte d’entrée enivre la sauvage, dans le couloir elle appelle l’ascenseur, espère ne pas être vue d’un charmant mortuaire. « Ce n’était pas une bonne idée de venir. Je vous prie de m’excuser. Je me débrouillerai sans personne. » Plutôt périr que de mettre en péril les âmes folles.
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Rorschach Milton

Rorschach Milton
Sujet: Re: NE GÂCHE PAS MON ENFER AVEC TON PARADIS
Mar 12 Jan - 22:38


   
   I've got to get to you first, before they do. It's just a question of time before they lay their hands on you and make you just like the rest. They've persuasive ways and you'll believe what they say
Ils sont peu à le reconnaître, quelques éparses qui parfois s’échouent devant sa porte, quémandent une aide qu’il ne peut pas leur octroyer. De leurs connaissances à son sujet, de son nom divulgué, Rorschach ignore ceux qui ont la langue trop pendue. Elles qu’il coupera le moment venu. Des âmes cognent doucement contre la porte, s’échouent parfois à ses bras. Il répugne et s’écarte. Ne comprend pas. Qu’ont-ils raconté les autres ? Quelles merveilles à son sujet ? Il ne sauve pas, il n’est pas comme eux, les plumes, à chuchoter le bon chemin, à maintenir hors du gouffre. En dehors de l’échiquier, sa partie n’est pas la leur. S’interroge le visage, les traits tirés de paroles qu’il ne saisit pas. « Je ne tue pas » Ironique diraient les autres. La vérité est là. Sa responsabilité n’existe pas dans les âmes qui viennent entre ses bras. C’est un emploi, ce pourquoi il a été crée, envoyé sur Terre. Mais aucun mot ne remplace le verbe ‘’tuer’’. Rien ne peut l’excuser, ni ses quelques mensonges qu’il sert parfois, des mots emportés par la brise. « Je ne choisis pas ceux qui meurent, contrairement à ce que tout le monde veut croire, je ne suis pas cruel » Un montre, un affamé, un diable envoyé sur Terre. Cognent les insultes à son encontre, se percute la rage de chaque mortel perdant un proche. La responsabilité est à chercher ailleurs, à celui écrivant les listes. Parchemins par millier, rangés, rouleaux dans une pièce ajointe au bureau. « Tu ne choisis pas la destination de ton âme, il ne suffit pas de quémander pour obtenir ce que tu souhaites » Ils supplient, de quelques uns cherchant à attirer son attention. Ceux à genoux sont balayés d’un revers de la main. Ignares. Le sentimentalisme n’est pas pour lui. A l’enfant désirant la mort, il refuse, croise les bras au torse. On ne commande pas le jour de sa fin.

L’évocation de larmes, d’une vie de malheur. Il ne s’apitoie pas. L’a t-elle confondu avec quelques anges égarés ? Eux les bienfaiteurs, eux ayant toujours des larmes pour les créations de leur père ? « Tu as encore des larmes après douze années ? » Ricane le monarque. Douze années à se morfondre alors qu’elle est vivante, sans problème, sans maladie rognant le corps. Rien qui ne dysfonctionne là-dedans, de ce qu’il peut en apercevoir. Vient le moment des plaintes. Cette même rengaine qu’il entend et ne cesse de piétiner. « Tu n’es pas la seule à ne plus avoir de parents, ils sont des milliers comme toi, à pleurer pour retrouver ce qu’ils ont perdu » Des parents, il a fauché les siens, emporté la dernière figure. Que peut-il y faire ? S’excuser, tomber à genou, assurer de les faire revenir ? Non. Les morts restent à leur tombe, les corps pourris, les âmes torturés. Une main passe au visage, frotte les yeux, la fatigue se fait sentir. Discussion singulière dont il n’en mesure pas l’étendue. « Et si ta mère est en enfer, tu voudrais la rejoindre ? » L’enfer. Il ne sait plus à quoi ressemblent les lieux, les cercles,  les neufs et les cohortes de démons, petits soldats martyrisant les âmes.  

La cuisine où il observe les lieux.
A se demander si c’est la première fois qu’il y entre.
Se dispose le mélange, le jeu de tout.

Poupée absente de son regard, disparue pour quelques excursions nocturnes. Il fouille du regard, cherche, et ausculte toutes les pièces. Grince la portée d’entrée, le sanctuaire bafoué. L’infernal disparaît pour se matérialiser devant les portes métalliques. Barrière face au monde, l’extérieur qu’elle ne reverra pas ce soir. « Tu restes pour cette nuit… et je ne t’ai pas préparé à manger pour que tu abandonnes l’assiette » L’excuse pitoyable. Lui qui ne s’amuse à mélanger que pour voir la nourriture pourrir. Dégradation appréciée. « Je ne sais pas qui tu es, comment tu es parvenue à me trouver, ni comment tu peux savoir qui je suis… mais tu ne peux pas repartir maintenant » Une main se tend, voudrait attraper le poignet nu de l’enfant mais il retient son geste. Referme les doigts en un poing masqué dans la poche du pantalon. « L’ascenseur ne fonctionne pas, et les escaliers te mèneront toujours au même endroit si tu tentes de les emprunter » Le bâtiment scellé à la nuit tombée. L’assurance de ne pas être dérangé. Il repart à l’appartement, laisse la porte ouverte. Lui qui voulait le repos se retrouve avec une gamine entre les bras. Gamine. La vingtaine passée qu’il ne lui donne pas.

WILDBIRD
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Eden Gainsbourg

Eden Gainsbourg
Sujet: Re: NE GÂCHE PAS MON ENFER AVEC TON PARADIS
Sam 6 Fév - 10:46


   
   Ce n'est pas en regardant la lumière qu'on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité.
Les paroles ricochent sur le visage de l’Innocence vexée du sens imposé par le gardien des décès ; Eden reste en retrait, écoute, attentive, les reproches qui lui sont adressés, là, devant les portes métalliques d’une boite demandée l’emmenant dans les périples de l’indépendance, la survie aussi. Elle a pleuré, en effet, les sanglots brûlés dans sa gorge de biche brisée, les regrets victimes d’un chao ficelé perfide, sur les continents convoités des âmes humaines, elle a vu sa vie en spectatrice devant ces vitres embuées, captive le rossignol de Dieu ; elle a versé les rosées tristesses dans son lit de vierge apeurée. Alors elle pensait la journée, elle rêvait des aubes navrantes faîtes d’épices d’Orient, de voyage, de joie enfantine, l’âme s’élevant vers les puretés tissées sur les œuvres du seigneur ; avant que le loup ne vienne la rejoindre dans la cage barbouillée d’ombre, dans cette prison morcelée. Le bourreau aux jouissances infernales qu’elle se devait de supporter l’enfant des cieux, il suintait la débauche quotidienne, lui pouvait apprécier l’atmosphère étoilée, massacrée par ses attentions néfastes, lui pouvait apprécier les climats tantôt légers tantôt teintés d’une lourdeur aqueuse sur les parapluies protégeant de la colère divine les silhouettes mortelles. Elle ne connait plus la saveur d’une indépendance songée, les soirées animées des mouvements d’une jeunesse désabusées. Parfois elle se demande si le destin est tracé de ses fils de fer sempiternelle, si le contrôle de l’avenir se confond au libre arbitre, elle secoue la tête à cette question de détresse, elle, petite fille de l’au-delà observe le futur apocryphe. Elle ne désire pas les limbes construits pour les misérables, l’éternité étreinte dans les douleurs d’un enfer qu’elle connait si bien pour l’avoir effleuré en rêve suant les peurs narquoises. « Mais c’est nécessaire. » déclare-t-elle, la flamme chatoyante dans ses iris surdouées. Du reste entendu, elle s’égare l’ange, contemple le cavalier transpirant d’une fatigue surprenante. La mère prend des allures d’albâtre dans l’imaginaire bleuté d’une princesse orpheline, perdue sur l’échiquier stellaire, envoutante d’une force obscure. « Se trouve-t-elle en enfer ? » La réponse est su, c’est la confession qu’elle réclame, curiosité naïve des paupières splendides.

L’apparition autoritaire envahie la gamine guerrière, celle prête à tenter les chimères ; la porte close des vertiges d’effroi dans l’esprit d’Eden, têtue gamine qui s’efforce dans l’espoir vain d’atteindre le bouton d’appel, elle ne restera pas, ses lèvres boudeuses expriment lassitude pour cette figure pourtant adulée, affectionnée. Tourbillonne les visions nécrosées d’une torture évitée de peu, sursaut d’inquiétude, d’une phobie développée. « Ouvrez ! » Juste pour la consolation, juste pour la tranquillité de son esprit encore tétanisé par la veille monstrueuse, elle sent le souffle de soufre du cauchemar sur son corps mortifié, la culpabilité. L’ordre percute l’affolement de la sainte tandis qu’elle descend les escaliers, s’essouffle lorsqu’elle réapparait, fatiguée. Rapidité de la fillette voilée par la colère puérile, elle s’installe devant l’assiette préparée, touche les couvertes, joue de la fourchette son expression ravissante d’un oubli passager. Le papillon joliment attrapé dans des filets d’espérance. Alors elle se prend à le contempler, comme l’œuvre côtoyée toute la journée, elle aimerait lui dire ce lien qu’elle ressent, ce fil d’Ariane sillonnant les paumes glacées de sa main, elle aimerait lui dire que c’était lui, son sauveur, son salvateur. Elle n’a pas prié, elle a prié la mort. Faible écho d’ironie, de sacrée, c’est le trépas qui lui offrira l’absolution, la sérénité.

Gourmande l’angélique qui goûte les senteurs exotiques, un cuisinier habillé de noir, elle sourit, lui adresse des pupilles éclatantes d’un bonheur longtemps perdu, retrouvé ; ses jambes battent la cadence, trop frêle, trop petite, le miroir renvoie à l’âge d’une adolescente, c’est une femme maintenant, pourtant son visage dévoiles l’immaculée, la jeunesse abordée. Les manches de sa chemise trouées se glissent sur ses fins poignets, anorexique résonne la voix qu’elle n’écoute pas ; prête à tout pour soumettre le destin, sage amie dans les confins d’un songe éveillé, elle se repait d’un silence calme, éthéré. « Eden. C’est mon prénom. Je ne pense pas que vous vous en souveniez. » Dix années défilent dans les souvenirs, les pages se tournent mais toujours là le démoniaque courbaturé, lui aussi détenu par le devoir exécuté. Alors, bizarrement, elle se faufile, se plante devant lui, alors, étrangement, elle s’étonne d’effleurer ses joues maculées d’une barbe fraichement rasée, se plonge dans les orbes rougies par la lueur de cierges décoratifs. Sa main blanche vient toucher l’objet de ses rêves quotidiens, elle lui chuchote, complicité qu’elle force des mots de satin, des mots de dentelles, doux tels les sucreries partagées dans l’azur doré. « Je t’ai vu. Tous les jours, j’ai assisté à ta vie. Je te remercie, sans toi, je ne serai plus là. Sans toi la folie m’aurait possédé. » Elle n’accepte plus de partager son corps la poupée, obligée, forcée d’accepter les faveurs d’un roi, dégoutée de ce qui lui appartient. Agenouillée devant le monarque l’enfant navigue dans les flots opalescents.
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Rorschach Milton

Rorschach Milton
Sujet: Re: NE GÂCHE PAS MON ENFER AVEC TON PARADIS
Jeu 11 Fév - 12:18


   
   I've got to get to you first, before they do. It's just a question of time before they lay their hands on you and make you just like the rest. They've persuasive ways and you'll believe what they say
La mère est-elle croupissante dans les cercles infernaux ? Hurle t-elle à s’en décrocher les cordes repoussant chaque matin ? Il ne répond pas. La connaissance de leur destinée lui revient, pas aux autres, certainement pas à ces petits mortels gravitant autour de lui. Death ne révèle pas les informations, parfois, elles se vendent, rarement. A l’ordinaire, c’est un secret, la bouche cousue. Révéler, c’est prendre le risque de supplications, de mise à genoux. Renvoyez son âme au paradis, je l’achète, aidez-là. Des mots sans impact, des inutiles qu’il balaye d’un geste de la main. Las. Les globes se braquent à l’enfant, cherchent la fourberie, le pourquoi de sa présence. Tout se cache derrière les yeux, leur âme ancrée, emprisonnée. Une petite à l’innocence faussée. « Ses actions ont été jugées. Tu devrais être capable de deviner son chemin » Immédiatement jetée en enfer. Il juge les âmes, souvent les rend au monarque plus grand que lui. A d’autres temps, il gère, envoie ici ou là. Pour le moment, le Paradis est une illusion, une vente dans les ouvrages. Tous perdus dans les limbes. Les élus à l’attente que se déclenche l’Apocalypse. Le paradis, ils l’ont perdu, ne le retrouveront pas.

« Eden… » ça cogne dans la mémoire, agite quelques souvenirs, mais rien de particulier. Des humains l’ont souvent frôlé, des vies qu’il a côtoyé pendant des années, parfois, qu’il a aidé. Aucune ne subsiste à sa mémoire. Il faut leur mort pour qu’il se souvienne et grave dans la chair. Sinon, c’est l’oubli. Le tombeau des connaissances. Eden. Le nom évoque quelques beautés du passé. Ce n’est pas une réincarnation. Première vie. Ame non évadée. Il observe et cherche, ne trouve aucune réponse. Silence. « Vous avez des prénoms ironiques » Eden. Pourquoi nommer un enfant de cette façon. Marie est encore plus étrange. L’immaculée toujours souillée. « Pourquoi se borner à reprendre les grandes figures de la Bible, de la religion. Est-ce que cela vous assure une crainte moindre face à votre destin ? » Destin. Mot mal choisit. Seule la date de mort est écrite, le reste leur appartient. Eden. Il cercle autour d’elle, cherche la connaissance qu’il a perdu. Trop de vies côtoyées, trop de présences à ses côtés.

Il laisse l’enfant venir à lui. Enfant. Adulte dans sa première jeunesse, pas encore fané. L’âge est incertain. Seize ou la vingtaine passée. Personne ne le touche, et il n’en effleure aucun. Règle. Amener un contact, c’est la dégradation, c’est la perte. Les paupières se ferment aux paumes contre ses joues déjà rugueuses. Quelques secondes seulement. C’est déjà de trop. Les doigts s’enroulent aux poignets de la curieuse, rejettent le geste. Cuir contre carne humaine. Ordre de ranger les mains aux poches, de ne plus jamais se donner la possibilité de l’approcher. Reste loin. Les mots s’évaporent. Il n’en comprend que la moitié. Humaine qui l’a vu, humaine qui était dans ses pas. « C’est une métaphore ? Tu veux dire que tu as croisé la mort tous les jours… ce n’est pas étonnant. Vous mourrez si facilement, vous êtes si fragiles, mal constitués » Rorsach oublie l’évidence, les médiums, ces êtres rares, recherchés, prisés, ces ventes parfois organisées. Prophètes oubliés. Siècles passés depuis qu’il en a croisé un.


WILDBIRD
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