the night is young, let's drink × ft. raquel & eole

Cover your eyes, the devil inside
iseult & raquel & eole

Et un autre con derrière les barreaux, me criant des conneries. « Ne le frappe pas », me murmurais-je, essayant de ne pas céder à la tentation. Je me rendis avec une certaine appréhension au bureau et y passa le reste de la journée à remplir des dossiers. Quel job vraiment banal, parfois, que celui de détective! Le seul bon point, c’était que ça me permettait de me remettre des semaines, voire mois d’enquêtes bien trop demandant. Je me perdis donc parmi les papiers, prenant presque l’aspect d’un zombie à la recherche de cerveaux. Ce qui me sortis de ma transe fut lorsque mon cellulaire sonna, à 17h. Et voilà une autre journée de travail terminée. Je déposais mon stylo, satisfaite de ce que j’avais accompli et me rendis jusqu’au bureau de mon sergent pour déposer les papiers avant de quitter pour me rendre à mon appartement.

Il me fallut quelques minutes avant de choisir l’ensemble qui me semblait le plus convenable pour une soirée de célébration à un nouveau bar non loin. Je pris ensuite le temps de manger quelque chose, d’allumer la télévision afin d’écouter les nouvelles et de lire mes messages avant de quitter pour une autre soirée de folles aventures. Sur ma route, je croisais quelques couples, des droguées et bien sûr, les espères de célibataires aux allures un peu délurées. Rien que je ne pourrais exclure de la normale. Cela ne m’arrêta donc pas de continuer mon chemin jusqu’au Alighieri bar qui semblait déjà plein de gens. Poussant ici et là, j’arrivais jusqu’au bar pour demander un Bloody Mary. Le barman me regarda en arquant un sourcil avant de sourire. « Qu’est-ce qu’il y a? » lui dis-je d’un air plutôt inquiet. Il ne répondit pas. Il me tourna le dos à la place. Je remarquais alors ses cheveux blancs. Plutôt étrange comme choix de couleur. Mais bon, ces temps-ci, la mode et ses coutumes … je ne m’en faisais guère. Je n’étais pas ici pour faire une enquête. Ce même barman revint me voir avec un verre qui n’était aucunement le cocktail que je lui avais demandé. Il me dit : « c’est une nouvelle boisson, un cocktail maison ». Ah bon. Étrange, de proposer ça dès le début aux clients. Je ne m’en préoccupai pas plus qu’il ne le fallait et le bu sans demander mon reste. Le liquide dévala ma gorge à une telle vitesse, les effets de l’alcool se firent tout de suite sentir. J’en demandais un autre, en attendant de trouver quelqu’un avec qui faire la conversation.  

© ACIDBRAIN

Raquel quitta le studio de danse plus tôt que d'habitude. En vérité, elle avait été chassée à grands coups de menaces qui n'étaient pas lancées à la légère. Elle sentait bien que son corps en plus de ça ne répondait qu'avec difficulté aux ordres qu'elle lui donnait. Il était pris d'une lenteur qui l'avait frustré toute la journée. Son bras gauche était lourd et l'articulation de ses genoux émettait un bruit rouillé. Pour une fois, elle n'avait pas décidé d'aller au delà d'elle même, de se forcer, de remettre son corps sur les rails. Elle avait pris le parti d'être raisonnable. Alors elle s'était laissée chasser, une grimace sur le visage. Elle prit le chemin le plus long pour rentrer à leur dortoir, un vieux bâtiment, un truc en bout de route. Elle se perdit. Elle resta calme, ne chercha pas à se retrouver. Elle se prit au jeu d'écouter le rythme de ses pas sur le bitume, d'accélérer la cadence et de ralentir, le tap-tap irrégulier la fit rire compulsivement. Elle se laissa guider par le son sourd de ses talons. Elle leva le nez une fois qu'une musique plus forte que celle-ci se fit entendre. Et pour cause, elle se tenait devant un bar, qu'elle ne connaissait pas, mais elle ne connaissait aucun bar de toute façon. Elle ne se l'expliquerait pas, mais elle ouvrit la porte, le pas léger, comme si c'était naturel pour elle de conquérir ce genre de lieu. Elle s'approcha directement du bar, elle fit un sourire au barman qui lui servit de suite un verre, lui même avec un sourire spécieux. Elle comprenait sans comprendre ce que cela pouvait signifier, une réminiscence, une sensation furtive de déjà vu. Elle commença à siroter son verre sans quitter du regard le barman, haussa un sourcil. Elle n'arrivait pas à définir le goût de la boisson, ce n'était pas mauvais, c'était même pas trop sucré. Le barman secoua la tête, hilare, elle ne savait pas pourquoi, mais elle rit aussi. Elle tourna lentement la tête sur le côté et vit une jeune femme en train de boire avec une descente d'enfer. Elle regarda autour d'elles, mais personne ne semblait faire attention à leur présence. Elle avait presque l'impression qu'elles étaient là pour se rencontrer. Ca ne lui ressemblait pas d'aborder des inconnus, mais ça ne lui ressemblait pas plus de boire, ou de sortir, ou de rire sans raison. Elle était autre, d'une étrange façon elle ne s'en inquiétait pas. Elle en était presque soulagée. Elle vint donc se poster à côté de la jolie blonde, et leva son verre dans l'imitation foireuse d'un toast. « Hourra aux femmes seules et charmantes au milieu de la nature. » Son accent brésilien transperçait sa phrase, l'entrecoupait de sons rocailleux. Elle avisa de loin un homme qui venait se rentrer. « Les loups sont de sortie. »