CORRUPT

- L'angelot né dans un champ d'or, l’empyrée qu'elle côtoie pendant quelques années, des siècles peut-être. Placée dans le jardin d'Eden, amoureuse de cette oeuvre flamboyante, le chérubin se plait à dessiner des montagnes parfumées, des sources embrasant la volupté. Les supérieurs se rendent compte que l'ange ne correspond pas à son cercle, déplacée, promue, la voilà dans la sphère supérieur, les dominations.

- Des années s'esquissent dans la joie de l'immortalité, dans le bonheur du paradis, près du père elle apprend, fréquente les grands, l'esprit angélique s'élève, l'intelligence s'obstine. Des cieux elle observe les enfants terrestres, les sauvages animaux qu'elle aime. Poupée qui semble curieuse du destin des mortels, fascinée par leur beauté, par leur fragilité. Soudain l'envie de s'inscrire auprès de l’inaccessible. Les artistes sont les favoris, machines des ivres questionnements de la jeune beauté. Elle demande, des non au visage jusqu'à la première guerre.

- 1914 : Elle s'élance loin des terres qu'elle connait, loin de la nébuleuse rejetée pour les plaines admirées, pour les contrées enchantées. Enfant adopté par une famille distinguée, elle n'en oublie pas la mission donnée, celle de veiller, de réduire le nombre de morts préparés. Elle affronte les faux semblants, les mensonges, les perfidies, premier dégoût de ce qu'elle appréciait. Premier amour également.

- Les morts dans son sillage, les criminels, les responsables des maux. Hitler embrasé par la justice divine, celle d'une fillette nimbée d'une corolle de lumière. Elle s'installe en 1960 loin de la France pour New York ville vantée par les frères et soeurs. Elle croise le Building construit, ignore, elle a pris goût à cette enchanteresse que l'on nomme Liberté.

céleste aulnoy - Les journaux transparaissent, jonchant l'appartement de la gamine bordélique, un titre dans ses orbes immaculés, l'article dévoré. Elle se surprend à suivre la gosse vieille de vingt-trois années, l'ombre fugitive à observer une pécheresse, pourtant l'affection se développe au fil des moments in-abordés pour la reine détruite par les coups d'un père. La balance écarquille ses mains de fer, elle ne sait plus quoi faire, alors elle observe, sourire tranquille sur ses lèvres. Vient le jour où la marquise daigne lui lancer des clous, d'un langage grossier qui ne lui sied guère, elle tend sa main gantée d'un blanc ensoleillé, elle attend l'ange. Elle déroge à ses propres règles, celles de ne pas punir le coupable, une exception pour la jolie artiste. Le rêve s'accouple à la rédemption, se faire guide pour la criminelle.

rorschach milton - vous êtes difficile à attirer dans un piège. chochotte l’angelot au monarque entravé, contraint de symboles marqués au sol. elle a semé la mort aux confins du monde, a puni les outrageants. elle est entrée sur le terrain de La Mort. joueuse cherchant de nouveaux compagnons. lui était le partenaire idéal pour ses jeux. donne-moi l’une de tes plumes et je t’emmène avec moi, voir autre chose que les champ de bataille et les prisons que tu hantes. propose le roi des ombres, marché conclu. chaque rencontre, une plume pour une mort grandiose.

▲Répugne à se retrouver sur Terre, avec les humains qu'il voit comme des petits cancrelats gloutons. N'est venu que trois fois par le passé. Le reste du séjour s'est fait entre enfer et paradis.

▲ Les côtes saillantes, le corps pantin d'une faim qu'il ne peut combler. L'estomac gronde aux plats aperçus, aux pâtisseries dans les vitrines. Cendres contre le palais. Il est condamné à imaginer le gout, la satiété.

▲ Son nom circule, ses restaurants sont les plus courus de la ville. Des listes d'attente sur plusieurs jours. D'une tragédie, il a érigé un empire. Le voila à l'égal des mortels, à chercher leur reconnaissance, leur venue, leurs paroles. Lui qui les méprisait. Ambroise se retrouve instrument de son propre jeu.

▲ Le roi du faste, des banquets organisés en l'honneur de quelques grands noms de la ville. Il invite, il offre, les laisse dévorer, saccager. Nourriture empoisonnée, pourrie, supercherie. La faim ne les quitte plus, jamais, et rien ne saura les sustenter.

athénais duras - (la reine à l'échafaud). la reine d'une France en feu. Il l'aime, il est dans ses pas, toujours là. Courtisan qu'elle refuse. Une mortelle qu'il veut pour lui, pour sa collection, poupée sublime assise à sa table. Morte. L'âme est de retour, dans un autre corps, il l'a reconnu. Senti. Ambroise présente ses plus belles manières à la princesse souillon. Elle qui lui répond par l'indifférence, ne semble s'intéresser qu'à sa richesse. Il joue l'aveugle. Cavalier en déroute qui veut la sortir de son trou à rats, et assassine ses clients. Jaloux.

céleste aulnoy - (la gourmandise). tu sais ce qui est arrivé au petit chaperon rouge ? ça commence par un rire, quelques mots soufflés à l’oreille d’une humaine qu’il sent noircie de l’intérieur. Pas aussi pure qu’elle voudrait le prétendre. Le sang sur les doigts, ça l’attire, c’est juteux. Il est amoureux Ambroise, affamé plus exactement. La petite, il l’a veut dans son four, sur sa table, entre ses dents, à son estomac. Il joue au grand frère avec elle, se fait guide de la ville, joyeux magicien, loup malicieux.