BEHIND BLUE EYES

▲ L'enfant promise, l'enfant attendue. Petite égarée dans un monde de faste, de grandes réceptions et de parents absents. Ils voulaient un enfant dont ils ne s'occupent pas. Elle vogue entre les pièces d'une maison trop grande, elle appelle la nounou pour qu'elle joue avec elle. Princesse abandonnée.

▲ La jeunesse dorée, l'exemple, le cliché de ces gamins chutant aux paradis artificiels. Elle essaye, une fois-deux, et ne recommence pas. Les manches recouvrent les bras. Plus de drogue. C'était un essai. La curiosité reprend, avec d'autres, des connaissances qui l'entrainent. Petite alice se laisse guidée par des chapeliers sauvages.

▲ L'esprit ne répond plus. Seize ans. Plus rien à sauver là-dedans. Carcasse pourrie. Elle séjourne à l'hôpital. Ils tentent de la sauver, eux en blouse blanche, ils essayent maladroitement. La détresse appelle un démon, un malin qui se faufile et lui demande ce qu'elle voudrait. Un pacte est signé.

▲ Corps possédé depuis deux semaines. La lutte s'est engagée entre les âmes. La diablesse Athénais cogne contre la révoltée Marie-Antoinette. Princesse et souillon en dualité.

ambroise woolf - (ruines amoureuses). dégage connard psychopathe. Poing levé, prête à venir frapper celui qui vient la voir tous les soirs, celui qui paye et ne la touche pas. Lui qu’elle soupçonnait d’être un prince, un grand du monde. Juste un mec comme les autres, un chien baveux. Et pourtant, les compliments touchent la gamine, touchent au coeur qu’elle croyait pourri. ça flatte son ego, ça flatte surtout l’âme en double, la reine déchue qui tente de prendre le contrôle. L’une veut suivre le loup, l’autre veut l’assassiner.

moses hogarth - (petit prince). J’ai pas assez de coeur pour toi. qu’elle lui lance un matin, après une nuit passée ensemble. Pas assez d’amour pour quelqu’un, pas le temps de se préoccuper d’un autre. Elle a toujours vécue seule, alors un garçon dans sa vie, la stabilité qu’il pourrait lui donner. Athénais secoue la tête. Refuse. Pourtant, il représente tout ce qu’elle aime l’égarée. Ils se complètent ces deux là, s’entendent même si les voix s’élèvent souvent. Alors elle joue, l’aime le lundi, mardi, mercredi et l’ignore les jours suivants.

- L'enfant pourchasse les ombres, les fantômes qu'il côtoie dans sa ferme familiale n'ont de secret pour lui. Le soir, le coucher s'oppose aux contes que lui narrent les ectoplasmes casaniers. Les parents surpris de ses connaissances sur la famille, en toute innocence le petit garçon de neuf ans dévoile les non dits, déchire la cellule protectrice.

- La garde est donnée à la mère qui emmène l'enfant loin des terres enneigées de Suède. Douze ans, il verse quelques larmes abandonnées pour les plaisirs de l'Amérique, le rêve ancré dans ses orbes immaculées. Il découvrent les monstruosités des camarades, bouc émissaire, stoïque, il hoche, secoue la tête. Muet le diagnostique-t-on, stresse post-traumatique, un début de dépression. Les cours se percutent, maintenant à la maison, entre les quatre murs d'une douceur nostalgique.

- Vingt-ans, son visage dévoile la souffrance de son adolescence, la solitude aussi, l'homme découvre la vie active, stagiaire dans un pénitencier, il postule pour une formation d'enquêteur. Le choc premier d'une charogne encore magnifique, il se souviendra de ces cils prisonniers de la glace, de ces mains rougies par quelques gouttes de sang séché. Elle n'avait que quatorze ans, trouvées dans une poubelle proche d'un bar peinturé du vice. Pour la première fois il met ses dons à profit, écoute son murmure. Il tombe amoureux de la juvénile morte.

- Il essaie de vivre le plus sainement possible mais les bouteilles de vodka ornent son plancher strié des pas, il tourne comme un lion emmuré, n'ose sortir de chez lui. Une routine qu'il forge au prix de la tranquillité. La nuit il fréquente les lieux de débauches obscène en quête d'une nymphette. Les frêles poupées de porcelaines obtiennent son amour, ses caresses. Il en garde quelques une mais elles finissent par partir.

céleste aulnoy - La jolie vêtue de vice, d'une fenêtre d'un bar l'homme l'a aperçu, celle qui sentait les marques de Caïn , la passante d'un songe révolté. Le liquide ambré dans le gosier, il l'a suivi, d'un coup de tête s'est présenté. Pas de draps froissés pour eux, entre eux, la compréhension qui sommeille, des blessures figées dans la glaise. Oden se sent quelque peu coupable car la belle réveille une violence exécrable dans le battant affolé. De l'affection, non de l'amour, de rejet non des baisers ; il aimerait réduire, détruire les espoir de la souveraine, égoïsme pervers trempant dans les veines bleutées, il la garde près d'elle sans jamais lui donner plus qu'il ne le peut.

moses hogarth - Ami véritable, fardeau aimé, choyé, Mose est le joyaux de la corde ficelée, écartelée de la solitude, avec lui il trouve le compagnon, les rares moments de paix, avec lui aussi le dérapage incontrôlé. Ses pensées aux Lolitas papillon Mose retient le grognon. Une colocation, une demande toujours faite sous le coup de l'impulsion, le lien s'interchange, s'enroule dans la boue, celle de la mauvaise fréquentation ; les deux similaires s'engouffre chaque jours dans les psaumes douteux de l'alcool, de la drogue, essaient de ne couler la tête, le corps déjà plongé dans les ventres obscènes de l'enfer.

eden gainsbourg - L'enfant des présages, douceur des nuits solitaire. Elle était là, ses cheveux en broussailles, son teint pâle de vierge affolée, ses mains tendres d'une jeunesse écartelée, ses yeux chatoyant la tristesse, le pardon, la bonté. Marie retrouvée. Elle était là, prête à suivre le compagnon adoré. Un ami dit-elle sur le canapé prenant ta manche de lin usé, tu aimerais, désirerais plus, tu aimerai la toucher dans l'âme, comprendre ce qu'elle est, manger sa vie et connaître son passé. La consoler des misères et des malheurs. Des questions que tu lui poses souvent, tu essaies de l'amadouer, de l'apprivoiser cet animal sauvage qui obtient ton attention, ton amour véritable. Dans l'ombre, elle t'aide, apaise les blessures, souffle sur les maux traumatiques, mais le jour, comme un songe, l'enfant s'évanouit dans l'ombre, revient minuit passé, quelques semaines d'abandon. Tu ne peux lui pardonner.