(m/pris) hugh dancy › texture of my blood

▲Séjournent les croyances dans le coeur du garçon. De ces nombreux dieux qu'il faut prier pour s'attirer leurs grâces. Il s'interroge sur leur utilité, demande pourquoi, réclame des preuves de leur existence. Les parents le font taire, menacent.

▲Terre des sacrifices, d'un garçon et d'une fille jetés dans la gueule du monstre, envoyés dans un labyrinthe pour satisfaire les appétits d'un dieu cauchemar. Il est désigné, pointé du doigt. L'enfant curieux dont on veut se débarrasser. Il ne tremble pas, s'est armé d'une épée, croit pouvoir tout assassiner d'une pointe de métal. La fillette à ses côtés disparait. Lui séjourne dans le dédale, quelques jours, jusqu'à l'épuisement, jusqu'à l'arrivée au coeur. Pas de dragon, de monstre, juste un homme qui l'observe. Il rit le garçon, laisse la folie voguer. La fatigue, le manque de nourriture. Il se laisse chuter devant un monarque.

▲Jovis est emmené par l'inconnu, dérobé, choyé, emprisonné entre les murs d'un château. Il y vit des années sans pouvoir sortir, contraint de fouiller les pièces, de jouer à cache-cache avec les fantômes de son imagination. Onze années. A n'apercevoir qu'une ombre la nuit, au pied du lit, parfois assise. La couverture n'y change rien, il est toujours là, l'Autre, celui soufflant des paroles qu'il ne comprend pas. La douzième année annonce sa libération. Les portes sont ouvertes. Vingt-sept ans.

▲L'Autre est là, l'observant, visible pour la seconde fois. Jovis ne fuit pas. S'approche. La captivité l'a rendu dépendant d'un inconnu. Présentations. Il rit l'homme, se moque de celui qui se nomme La Mort. "Tu ne t'es jamais demandé pourquoi tu ne pouvais pas quitter le château ?" Gronde la voix de l'infernal. "Tu es mort il y a douze ans... dans le labyrinthe, je t'ai gardé avec moi, le plus longtemps possible, mais tu commences à disparaitre, l'enfer t'appelle"

▲2016. Les années en enfer sont oubliées, ne subsiste qu'un prénom, qu'une voix dans sa tête, un passé fragmenté. Il s'est enfui des limbes, a trouvé une fissure. Le voila propriétaire d'un nouveau corps. L'ancien est piétiné. Aucune lutte entre les deux. Il a pris un contrôle absolu. Le monde est différent de ce qu'il a connu, plus rien n'y ressemble, il ne s'adapte pas, fuit le bruit, grogne à l'approche de la foule.

▲ Un carnet entre les doigts de sang. Des pages blanches, instructions au dos. Il ricane. N'en croit pas un mot. Un carnet pour assassiner ? Il tente. Avec le voisin. Le lendemain, corps pendu. Un autre nom, un troisième. Instrument de la mort gardé jalousement.

I want to break open your chest, count your heartbeats in my palm, feel your pulse quicken and stumble beneath my lips. Son diable. C'est le mot qui résonne encore, le tintement bruyant. Jovis courrait après la figure opaque, les mains s'avançant, cherchant, fouinant. Douze années, captif de celui qu'il a aperçu dans les miroirs, au coin de son lit, derrière une fenêtre. Chacun un monstre. Lui un fantôme et l'Autre un représentant de la mort. Belle ironie. S'en suivent quelques années sans aucun mensonge, l'un avec l'autre, lui observant la Mort à son oeuvre. Il a gouté au sang, s'est approché de trop près. Fantôme amoureux du pouvoir sur les autres. Sont venues les limbes, l'emprisonnement. L'oubli. Death a disparu de sa mémoire. 2016. Retour et possession d'un corps. Il sait qu'il lui manque quelque chose, le trou au coeur, la mécanique enrayée d'un battant crevé. Chercher sans savoir ce qu'il veut, qui il attend. Chercher en ayant la certitude de reconnaitre quand les yeux se poseront sur lui.