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Stray cat ✛ ft. Mirela

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- Hell or Paradise -


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Craig Owens

Craig Owens
Sujet: Stray cat ✛ ft. Mirela
Jeu 14 Jan - 4:05

Blow a kiss, fire a gun. All we need is somebody to lean on. What will we do when we get old? Will we walk down the same road? Will you be there by my side? Standing strong as the waves roll over. We were bold and young, all around the wind blows. We would only hold on to let go ...
Si la vie de Craig n’était déjà pas très passionnante, le poste de nuit à la supérette était de loin la l’expérience hebdomadaire la plus ennuyante. Elle se terminait bien souvent par lui, assis sur le tabouret derrière la caisse, à observer l’écran de télévision fixé au mur d’un air ennuyé tout en essayant de fourrer le plus de Lucky Charms possible dans sa bouche. Pour l’instant, son record stagnait à un demi bol. En arrivant en fin d’après-midi, il avait naïvement pensé que cette nuit ne serait pas différente des autres ; qu’à 19h00 les quelques clients restant s’en iraient rejoindre leurs familles ou leurs chats à la maison et qu’il serait laissé seul, à lorgner le rayon des céréales avant de se décider à en voler une boîte. Il avait bien sûr quelques tâches à accomplir avant de poser définitivement ses fesses sur le tabouret grinçant de son oncle. Une de ces-dernières consistait à profiter de l’absence de clientèle pour ranger les rayons et vérifier les dates de péremption des produits. Encore une fois, rien de bien passionnant et la corvée se finissait rapidement, lui, glissant quelques paquets de Chewing-gum dans sa poche quand il était sûr que la caméra avait le dos tourné. Craig était presque certain que son oncle était au courant de la disparition quotidienne de son stock de gomme à mâcher et de la diminution peu discrète de sa réserve de cigarettes, mais il ne l’avait jamais mentionné devant Craig. Généreux, mais un peu stupide. Craig n’aurait certainement pas retourné la faveur, mais là encore son oncle n’était pas un pauvre type de 25 ans, sourd comme un pot et condamné à se goinfrer de sucre jusqu’à 4 heures du matin dans une supérette de quartier pour le reste de sa vie. Il soupçonnait que la pitié était derrière chaque geste généreux de son oncle, mais il n’allait pas s’en plaindre si cela lui permettait de se fourrer les poches de sucreries et de cigarettes gratuites.

Pour en revenir à la mission quotidienne de Craig qu’était le tri des rayons, cette-dernière se terminait bien souvent par le débarras des ordures et une séance de caresses avec le chat noir qui semblait vivre dans les poubelles de l’arrière-boutique. Il avait rencontré le vieux matou borgne quelques mois plus tôt, et même s’il s’était montré difficile à approcher, un peu de pâtée avait réussi à le charmer. Craig avait déjà tenté de le ramener chez lui, mais des griffures étaient tout ce qu’il avait reçu en réponse. Certaines créatures semblaient être faites pour les rues glaciales de New York, non pas pour le confort d’un appartement. Il n’avait jamais réessayé et le chat semblait lui en être reconnaissant.

En franchissant les portes de l’arrière-boutique, visage enfoui dans son écharpe et avec son bonnet enfoncé jusqu’aux oreilles, il souhaita vaguement que le réchauffement climatique se fasse davantage sentir et que la neige fine qui tombait depuis ce matin cesse. Ses pieds, enfouis dans de légères chaussures en tissus, ne pouvaient être plus d’accord. Se débarrassant des ordures d’un geste négligé et hâtif, il sortit ensuite une boîte de thon de la poche de son manteau et la vida dans le récipient près des poubelles, le chat noir surgissant de nulle part (comme d’habitude) et venant se frotter à sa jambe en vibrant avant d’entamer son repas. Distrait, il fallut un moment à Craig avant de se rendre compte de la compagnie qui stationnait dans le fond de la ruelle, la main dans la poubelle des produits périmés. Une compagnie humaine, pour une fois. Pas vraiment surpris, il se contenta de fixer avec intérêt la jeune femme en face de lui avant de signer un léger salut et de l’accompagner d’une interpellation orale.

« Hey. »

Silencieux pendant un très court moment il ne tenta pas de s’approcher de la jeune femme (à vrai dire, il hésitait à la qualifier de ‘femme’. La gamine semblait à peine sortie du lycée) et se contenta de s’accroupir près du matou, appréciant les vibrations de ses ronronnements sous ses doigts. Elle n’était pas la première SDF qu’il avait surpris à fouiller dans les poubelles du magasin, mais elle était de loin la plus pathétique. La jeune fille semblait pouvoir s’envoler à la moindre bourrasque, et si lui était pétrifié de froid, alors il ne voulait même pas imaginer ce qu’elle pouvait ressentir. Un léger soupir traversa ses lèvres alors qu’il déroulait l’écharpe autour de son cou avant de la tendre vers la petite blonde. Il ne prit pas la peine de signer ses mots, mais de toute manière il doutait qu’elle comprenne l’ASL.

« Tiens, t’en as plus besoin que moi. »


Craig n’avait pas vraiment pour habitude de faire dans la charité, mais il se sentait d’humeur généreuse aujourd’hui, et il ne pouvait pas s’empêcher de faire le rapprochement entre le vieux matou et la gamine. C’était stupide. Son empathie pour toute créature misérable le poussait à agir comme une Mère Theresa, mais l’objectif derrière était beaucoup plus égoïste ; se sentir utile, moins pathétique. C’était les seules raisons qui le poussaient à agir comme ça.


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- Hell or Paradise -


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Mirela Sedgewick

Mirela Sedgewick
Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela
Ven 15 Jan - 20:56


     
CRAIG & MIRELA


“What are you? I am miserable.”



Les rires émanaient de l'appartement. Petite souris curieuse, elle avait plaqué son oreille contre la porte froide et profitait de ce morceau de vie qui échappait aux habitants. Le bruit n'était pas la seule chose qui venait effleurer les sens. Les arômes exotiques torturaient son estomac. Sans même déclarer sa présence. Sans chercher à s'incruster dans cette vie de famille qui n'était pas la sienne. Au dessus de ses capacités. La gamine a des limites, elle ne veut pas être un poids mort, un parasite qu'on redoute. Elle s'éloigna de ce potentiel hébergement. Une connaissance a oublier. Il était déjà trop tard pour essayer de trouver un autre logement. Ce soir, la rue sera son lit.
Les mains dans les poches. La tête rentrée dans les épaules. Le dos voûté, elle tente de garder un maximum de chaleur. Les trottoirs du Queens se vident. Ne gardent que les brisés, les fêtards ou les pochards. La gamine évite les regards. Elle se fond dans l'obscurité. Ne devient qu'une ombre parmi les autres. Elle longe les murs. La manche frotte contre les bâtiments dans un bruit de tissus presque insupportable pour elle. Le son de la misère. Elle s'arrête sous une enseigne lumineuse pour profiter de la vision appétissante de la nourriture qu'offre la vitrine. Mirela extirpe du fin fond de sa poche un petit porte-monnaie. Elle le secoue près de son oreille, mais n'entend que le silence. Le vide absolu. Le néant de sa vie résumé dans un si petit objet. Penaude, elle reprend sa route. Se fait encore plus petite avant de disparaître dans la première ruelle pour se soustraire totalement aux regards indiscrets. Dos au mur, elle s'accroupit et cherche désespérément dans son sac un reste de n'importe quoi. Une barre de céréale, un paquet de gâteaux... Mais ce ne sont que des papiers, des vêtements, des objets rien ne pouvant calmer sa faim. Elle referme son sac, fait attention de ne rien laisser. Chaque objet peut se montrer utile par la suite. Il est trop tard pour mendier ou trouver un objet à dérober. Elle se relève. Étouffe de ses mains le grognement de son ventre. Les paroles désespérées de l'affamé. La gamine s'avance dans la ruelle. Recherche un petit coin discret pour se reposer. Un qui ne sent ni l'urine ni les égouts. Un pas trop sale. Un pas trop grand pour ne pas qu'elle se sente trop petite. La faim ordonne et les pieds s'arrêtent Elle tape dans ses mains. Signe de son hésitation. Les murmures qui pèsent le pour et le contre. Elle n'est pas comme ça. Mirela évite judicieusement les pièges de la rue. Elle ne veut pas épouser totalement sa nature, mais la nécessité est bien présente. Le sac glisse sur le sol. Le cache dans l'ombre de la benne à ordures. Elle lève avec toutes ses forces le couvercle qui cogne contre le mur et menace de retomber dans un bruit important. Les mains pour le rattraper si jamais il décide de continuer sa route, mais ce n'est pas le cas. Il s'arrête et elle respire enfin. L'odeur forte du gâchis. Du trop qui pourrit. Mire tourne la tête, colle son bras sous son nez et retient un haut-le-coeur. Même avec la faim occupant ses pensées depuis des heures – ce qui lui semblait être des journées- elle reste incapable de plonger la tête la première dedans. Le couvercle aussitôt refermé sans délicatesse. Laissant le bruit qu'elle redoutait résonner dans la ruelle. Le sac à nouveau dans le dos. Elle continue. Avance à la lumière de la lune. Évite les zones suspectes. Une nouvelle poubelle. L'hésitation est encore plus importante. La main s'ouvre, se referme dans le vide. Va et vient dans l'air et se lance. Attrape et soulève. Une erreur, mais pas deux, la respiration se fait par la bouche. Ça fouille. Écarte, repousse, sort des emballages et les replonge immédiatement. Elle évite de trop réfléchir, mais on la tire hors de ses pensées ennuyantes. Un seul mot, enfin si on peut appeler ça ainsi. Ça sonne plus comme un bruit étrange. Confuse, elle lâche tout et recule de quelques pas. Mirela attend à ce qu'on l'engueule, l'insulte, la repousse un peu plus comme on le ferait avec un rat. Elle se prépare même à recevoir un coup de balais. La gamine est un nuisible comme les autres. Un peu plus civilisée et qui peut tenir une conversation. Pas très élaborée certes, mais quand même. L'enfant est tellement honteuse. Elle veut juste disparaître. Ne plus exister pour ne plus vivre ce moment. Les mouvements attirent le regard. Les yeux suivent l'écharpe se dérouler. Les sourcils froncés trahissent le questionnement. Il faut être fou pour se déshabiller par un temps pareil. Bien étrange l'employé. Le tissus pend, se balance dans l'air. Machinalement, elle porte sa main à son propre cou pour sentir l'absence de tissu.
Mirela voudrait lui dire non. Lui dire qu'elle n'en a pas besoin. Qu'il est bien gentil, mais qu'il peut la garder. Oui, elle aimerait bien, mais elle en a besoin. Pour cette nuit au moins. Elle la lui rendra prochainement. Les paumes frottent contre le jean pour enlever les odeurs comme si ça peut changer quelque chose. Au moins, elle a l'impression d'être un peu plus propre pour accepter cet emprunt. Doucement elle s'avance. Tel un animal apeuré menaçant de s'enfuir au premier geste brusque. « Merci. » La gamine des rues lui enlève l'objet des mains en prenant soin de ne pas toucher sa peau. Les cheveux blonds soulevés, Mire fait glisser l'écharpe autour de son cou. Respire l'odeur de l'homme à plein poumon pour effacer les souvenirs horribles qui lui restent dans les narines. « Je fais pas ça d'habitude. »  Le besoin de s'expliquer. De changer l'image qu'il peut avoir d'elle. De changer l'image qu'elle se renvoie à elle-même. « J'essaie toujours de prévoir à l'avance, mais j'ai oublié. »  Mirela baisse la tête pour regarder ses chaussures. La rêveuse se rend compte qu'elle est tombée bien bas et ça fait mal. La gorge se noue. Ne pas pleurer. Pas utiliser ses forces inutilement. Elle renifle avant d'enfouir son visage derrière l'écharpe.  Les yeux brillants se perchent dans ceux de l'employé. Les larmes barrières menacent de céder et laisser le flot noyer ses joues roses. «Merci beaucoup. Je n'oublierai pas. »  La bouche dissimulée, c'est une promesse qu'elle lui fait. Promesse d'une poupée déchue qui récompensera ce geste en temps voulu.  


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- Hell or Paradise -


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Craig Owens

Craig Owens
Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela
Dim 17 Jan - 18:10

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Craig la voit plonger son visage dans son écharpe, les mains délicates et les joues rosies par le froid. Elle ressemble à une poupée, fragile et étrange, au regard perdu. Il ne l’entend pas, mais devine qu’elle marmonne quelque chose, le nez couvert par l’épaisse laine autour de son cou. Il sourit. Parce qu’il peut faire quelque chose, parce qu’il se sent en position de force. Parce qu’il n’est pas le plus pathétique du duo. Elle baisse la tête, ses lèvres bougent mais Craig ne peut pas les lire. Il regrette ne pas pouvoir entendre la voix de la jeune fille. Il l’imagine cristalline, celle d’une enfant brisée. Mais il devine des remerciements. Il les lit dans les yeux brillant de la gamine. Il ne dit rien, de peur de répondre une connerie. Il prie pour qu’elle n’ait pas posé de question non plus ; Il ne veut pas l’ignorer, mais tout ce qu’il entend c’est le silence, le bourdonnement constant qui fait vibrer ses tympans, le tambour de son cœur contre ses tempes. Il aimerait repartir, retourner à son poste, mais il est figé devant la frêle silhouette. Quelque chose l’empêche de s’en aller et de la laisser derrière. Il veut deviner les mots sur ses lèvres rouges, contenter l’estomac qui semble l’avoir poussé à fouiller dans les poubelles. Répugnant, si bien que même le matou à ses pieds ne s’y aventure pas.

« Viens. Je t’offre à manger. Tu vas tomber malade si tu cherches de la nourriture ici. Les poubelles sont remplies de vermi-nes. »

La langue fourche sur le dernier mot, mais il ne peut pas se corriger. Ses doigts en connaissent l’équivalent mais ne quittent pas ses poches, gelés. Tant pis. Il désigne la porte arrière du magasin, l’interroge du regard et hausse les épaules. Il ne sait pas quoi faire. Il attend simplement que la fille prenne une décision, choisisse la faim plutôt que la méfiance. Craig sait que la peur est un stimulant aussi fort que la famine alors il est patient, ne bouge pas pour ne pas effrayer la gamine. Comme avec le chat errant, il attend qu’elle fasse le premier pas.

« Je peux te l’apporter ici si tu préfères, mais il fait chaud à l’intérieur. »

Et lui n’a pas le courage ni la patience d’attendre sous le glacial ciel New Yorkais. Les flocons s’épaississent de plus en plus, et bientôt il doit secouer ses cheveux pour les empêcher de s’y loger. Son propre ventre gargouille de contentement, comme narguant celui de la blonde. Un pied de nez involontaire mais il ne ressent aucune honte. Ce n’est pas de la pitié qu’il éprouve pour elle, juste de la sympathie. Un sentiment de satisfaction égoïste en constatant que le malheur de certains est plus important que le sien. Ses mains sont propres, son estomac est rempli, et sa peau dégage encore la chaleur qui se cogne à l’air froid et fait fondre la neige. Et c’est cette même sensation de bien-être qui le pousse à agir ainsi ; Cette fierté qui lui donne envie de s’applaudir lui-même, d’apprécier son geste généreux et de se convaincre qu’il est quelqu’un de bien, quelqu’un d’utile. La vérité est qu’il n’est qu’un profiteur ; mais rares sont les gens qui aident pour le plaisir d’aider. L’humain est trop égocentrique pour agir par pure bonté d’âme. Les soupes populaires sont bondées de personnes en quête de louanges et de redevance, de rédemption ou d’assurance. Les sincères ne prennent pas le temps de se montrer, offrent en anonymes, ne demandent pas de merci.

« Si tu ne veux pas, je comprends. »

Il parle lentement, trop. Son -en sonne comme un -in. Il a juste l’air d’un type étrange, qui parle soit trop fort, soit trop bas. Il comprendrait si elle décidait de rebrousser chemin, de l’ignorer. Et il ne s’en porterait pas plus mal. Après tout, il ne la connait pas cette fille. Il n’a aucune obligation envers elle. Il ne sait même pas si elle lui a demandé de lui foutre la paix ou a simplement murmuré des remerciements, cachée derrière l’épaisse écharpe. Craig cache son embarras derrière une attitude pleine de ressentiments, mais l’abandon d’une main tendue l’effraie. Il essaye de se montrer brave, fier, peu affecté. Il est doué à ça. Dénigrer tout implication, rejeter la déception pour ne garder qu’un vague sentiment d’ingratitude.

Les oreilles rougies par le froid, il décide de faire le premier geste. Lentement, il se dirige vers la porte. Elle grince sous les gongs rouillés, et il la laisse grande ouverte, invitant la petite blonde à s’y engouffrer en premier. Le couloir allumé est propre et chaud, assez invitant pour satisfaire une gamine des rues. Du moins, il l’espère. Sinon, elle sera le deuxième chat errant à refuser son invitation.



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Mirela Sedgewick

Mirela Sedgewick
Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela
Mar 19 Jan - 0:09


     
CRAIG & MIRELA


“What are you? I am miserable.”



L'inconnu se détache du reste de la ruelle. Seul cœur battant accompagnant celui de la misérable. La lumière venant de son dos lui donne un air angélique. Ne manque plus que les ailes et l'auréole.Hallucination divine. Mirage généreux. Serait-ce la faucheuse venant récolter son dernier souffle à cause du froid ? Ou de la faim. Il a le même regard que les autres. Ceux qui la voient. Ceux qui osent poser les yeux sur elle. Ils se questionnent. Se demandent bien ce qu'une gamine peut faire dans la rue. Ce qu'elle peut accepter pour quelques billets. Pas de la pitié, non ça c'est dans le regard des Hommes courageux qui préfèrent fuir les iris.Curiosité. Satisfaction de ne pas être à sa place. Mire est dans les abîmes de la vie humaine. Au bas de la hiérarchie. Il est tellement facile de se sentir meilleur à côté d'elle. Son âge n'arrange rien. On lui invente des vies atroces. Des relations malsaines dans une famille déchirée. Personne ne peut s'imaginer l'amour dans lequel elle a grandi. La famille aimante et soudée qui doit encore actuellement la rechercher. Le nez enfoui sous l'écharpe qui n'est pas sienne. Mirela le regarde, ne le quitte pas des yeux. Elle se demande toujours pourquoi les gens l'aident. Ce n'est qu'une écharpe, sauf pour elle. Surtout venant de quelqu'un comme lui. Un inconnu. Un étranger qui lui a donné sans même ouvrir la bouche. Une bienveillance rare, qu'elle pense réelle. Naturelle comme à son habitude. Elle s'arrête sur le dernier mot. Se demande rapidement pourquoi il n'a pas été prononcé correctement, mais ne s'y attarde pas. Il a proclamé la phrase magique, mais l'affamée hésite. Elle entend la voix de Gordon lui dire que c'est dangereux de suivre des inconnus. Lui qui a amené la gamine endormie dans son appartement miteux. C'est risqué, mais elle meurt d'envie de rentrer avec lui. Les yeux plissés, elle le scrute. Traque le moindre détail suspect. La plus petite chose pouvant révéler la nature de psychopathe du jeune homme. Un trousseau de clés menant à une cave secrète pour y enfermer les disparu(e)s. Une cicatrice, souvenir d'une lutte acharnée pour la survie. Elle met du temps à répondre et ça se ressent dans le comportement de l'homme. Il perd patience. Lui offre une autre possibilité bien moins charmante, mais qui pourrait faire taire tous ses doutes. Elle imagine la chaleur du lieu. La nourriture devant ses yeux. Tentée de la suite jusqu'en Enfer s'il lui demandait. Après tout, il lui a déjà donné son écharpe, qu'elle a accepté sans même faire semblant d'hésiter quelques secondes. Il a vu dans quelle situation désespérée elle se trouvait. Il ne peut qu'être bon. Une nouvelle étape dans le froid, elle tremble. Ne peut empêcher les doigts et les lèvres de frisonner à la même allure.
Le jeune homme est gentil. Peut-être un peu trop. Quand il n'y a rien ça ne va pas. Quand il y a trop, ça ne va pas non plus. Jamais contente. Jamais satisfaite. C'est fou comment la solitude peut faire naître autant de méfiance. Personne pour la défendre. Personne pour s'inquiéter si elle disparaît. Il n'y a qu'elle. Elle n'a plus que sa propre personne. Tristesse quand elle s'en rend compte. Pleure l'absence du bien aimé qu'elle se force à espérer encore. Le seul capable d'aimer la gamine s'imagine-t-elle. Elle voudrait se méfier, mais il est attendrissant à sa manière. Sa façon de parler. Prononciation bancale qui lui donne un air sympathique. Car il est différent tout comme elle. Pas de la même manière, mais il reste à l'écart de la société. Il n'aura jamais une place dans l'univers cruel. Une véritable à son nom. Comme elle.
Il a froid. Il en a marre d'attendre la gamine indécise. Elle le comprend. S'en veut aussi de le faire attendre alors qu'il n'a plus d'écharpe. La porte s'ouvre sur un autre monde. Chaud et accueillant. Une autre dimension qui lui donne envie de prendre le risque. Mirela s'avance un peu pour mieux regarder. Une certaine curiosité et toujours cette part de méfiance. La voix-souvenir rauque de Gordon lui donnant des instructions. Un dernier coup d’œil à l'employé puis elle avance. Affamée. Frigorifiée. Fatiguée. L'évidence est qu'il faut mieux être avec un fou que de passer cette nuit dehors et le ventre vide. Logique d'une gamine non diplômée. Adolescente fugueuse. Passe devant lui pour sentir le chaud se cogner au visage glacé. Ça picote. Ça brûle. Loin d'être agréable, elle est dehors depuis trop longtemps. Changement de température brutale. C'est sans doute une erreur, elle le sait. Il risque de lui demander quelque chose en retour. Elle travaillerait bien une nuit pour l'aider, pour payer la nourriture qu'il veut lui donner. Mais pas plus. La gamine défait en premier l'écharpe. La main fait des cercles au dessus de sa tête pour la dérouler alors que les pieds se frottent contre le tapis. La gamine errante se secoue pour faire tomber les flocons et éviter de provoquer une inondation dans le magasin. Elle détache les boutons puis fait glisser la fermeture éclair. Mire se tourne pour lui faire face, elle n'a pas vraiment avancé dans le couloir. Ne souhaitant pas trop s'inviter non plus. « Vous n'êtes pas obligé de faire ça. » L'index vers l'autre côté du couloir. Vers l'épicerie. L'autre main soulève l'écharpe. « Tout ça. Vous n'êtes pas obligé. » Elle veut s'assurer qu'il ne regrettera pas. Ça arrive certaines fois et il est si facile de la faire passer pour une voleuse. « Je vous promets de pas rester longtemps. » Toujours le sentiment de déranger. Prendre trop de place. « Et je vous rembourserai ! » Une promesse qu'elle est certaine de tenir. Elle le fait toujours. N'aime pas vraiment être redevable, c'est toujours plus facile pour s'envoler à l'aube. Ne rien garder « Promis. » Un sourire véritable. Reconnaissante la gamine lui montre ses dents.   


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Craig Owens

Craig Owens
Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela
Jeu 21 Jan - 1:57

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Craig l’observe s’avancer avec prudence. Une créature sage, mais curieuse. Envieuse du confort, de la chaleur. Il la comprend. Il comprend qu’elle ne s’attarde pas, que son intimidation soit momentanée. Les rues sont glaciales, l’air refroidi les poumons et le bout des doigts. Lui aussi aurait suivi l’inconnu à l’intérieur. Il la devance, montre le chemin, ne se rend pas compte qu’elle ne le suit plus jusqu’à ce que la présence familière disparaisse. Il se retourne, la voit se tenir au milieu du couloir. Il peut lire ses lèvres maintenant. La lumière éclaire enfin le visage doux de la presque gamine, et il n’est pas dépourvu de charme. L’éclairage lunaire lui donnait un teint de porcelaine, mais la lumière dorée fait briller sa peau, dévoilant la bouche rosée qu’il a plaisir à lire. Tout ça. Vous n’êtes pas obligé. Oh, il le sait. Il n’est pas obligé, mais ça le fait se sentir mieux vis-à-vis de lui-même. Il a le rôle du sauveur, celui qui lui plaît tant et qui glisse sur lui, le purge momentanément de tous ses défauts. Un principe de karma qui le rassure. Il sait, et hoche la tête pour balayer l’affirmation. Il ne quitte pas ses lèvres des yeux, veut avaler le moindre mot, être sûr de ne rien rater. Il ne se rend pas compte que cela met mal à l’aise ; les gens ne cessent de parler, déblatérer leur flot de parole, et pourtant traitent les lèvres comme des parties si intimes du corps. Peut-être que les lire en permanence y a immunisé Craig.

Il attend. Attend qu’elle continue. Il peut dire qu’elle veut rajouter quelque chose. Elle est si facile à lire, la gamine. Il penche la tête sur le côté, essaye de capter chaque mot, mais le débit est rapide et le mouvement léger. Trop pour qu’il comprenne tout, trop pour qu’il se permette de perdre sa concentration. Il plisse les yeux, répète ce qu’il comprend, reproduit le mouvement de la jolie bouche, marmonne. Quand il déchiffre enfin les paroles, son regard s’illumine. Il offre un sourire à la jeune femme, libère ses mains de ses poches et signe. Réflexe stupide. Il est habitué à parler à sa mère, à son beau-père, au reste de sa famille ; tous connaissent les bases de l’ASL. Il n’aime pas les inconnus, déteste leur adresser la parole. Il sait que sa prononciation est médiocre et que son accent est fort. Il sait que la lettre L roule trop sur sa langue et que le son wa ressemble au wo quand il glisse hors de sa gorge.

« Tu ne me dois rien. Je n’allais pas te laisser mourir de fro- .. » La voilà, cette fameuse syllabe. « Froid. Tu auras plus de chance de résister à l’hiver le ventre plein. » Il jauge l’écharpe du regard. « Tu peux la garder. »

Il n’attend pas de réponse avant de se retourner. Sait qu’elle va insister. Il devine sa fierté : il a la même. Son geste est facilement interprété comme de la pitié, mais ce n’en est pas. Une entraide peut-être. Quelque chose d’autre, de moins pur, de plus égoïste. Peut-être était-elle simplement belle sous la neige, les cheveux blonds et les yeux brillants. Il l’a ramené, s’est trouvé un nouveau chat errant.

Il va fouiller le comptoir, sort un billet de dix de sa poche arrière de pantalon et fait sonner la caisse. Voler son oncle se résume à quelques paquets de chewing-gum et une boîte de Lucky Charms. Il paye la nourriture, encaisse le billet avant de récupérer un de ces plats préparés à mettre au micro-onde dans les rayons de la superette. Il doute qu’elle soit difficile, alors il pioche au hasard et force gentiment la nourriture entre les mains délicates de la jeune fille. Ses doigts sont libres de parler en même temps que sa bouche.

« Le micro-onde est derrière le comptoir. Tu peux t’y installer si tu préfères t’asseoir. » Il hoche la tête, assure qu’elle peut s’y aventurer. Il ne veut pas la mettre mal à l’aise ou la traiter comme une assistée, alors il la laisse se débrouiller, s’installer, prendre ses repères. Lui, fait semblant de vaquer à ses occupations, mine de ranger les rayons, déplace des boîtes avant de les remettre à l’exact même endroit. Il ne sait pas quoi faire, se sent perdu. Tout ça n’est pas dans ses habitudes. Au quotidien il ferme les yeux sur le malheur des autres, parfois s’en délecte, se rassure sur sa propre condition. Cette fois la moquerie est absente. Cette fois c’est une étrange timidité qui fait rougir ses joues et fait grincer les rouages de son esprit à la recherche de quelque chose à dire. Il est sourd, et pourtant le silence est inconfortable, inhabituel. Il ne lève même pas les yeux vers la blonde pour vérifier qu’elle ne lui adresse pas la parole, vérifier qu’il n’est simplement pas en train de l’ignorer. Il se contente de cracher un « Craig. » soudain. Une pause.

« Craig. C’est mon nom. Toi ? »

Il regrette déjà d’avoir demandé. Lève les yeux pour les poser sur ses lèvres de son interlocutrice. Se concentre pour prêter attention à chaque mouvement phonétique.



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Mirela Sedgewick

Mirela Sedgewick
Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela
Sam 23 Jan - 0:40


     
CRAIG & MIRELA


“What are you? I am miserable.”



L'employé est étrange. Différent, mais pas terrifiant. Un gamin comme elle. Il dégage une tristesse sympathique qui donne envie à Mirela de lui faire confiance. Il a l'air inoffensif. Les affaires débarrassées de la fin couche blanche elle se tourne vers lui. L'homme s'est éloigné, lui présentant son dos qu'elle avait observé avec une certaine insistance. Sa générosité le rend charmant. Beau. Peut-être que si la rencontre avait été différente, elle se serait permis de rêver un peu comme une adolescente a la vue d'un beau garçon. Comme elle avait pu faire avec les amis de ses frères, mais depuis son arrivée à New-York elle ne s'est pas accordée un tel comportement. L’adolescente a du grandir rapidement pour survivre. Il se retourne et elle baisse la tête. La gamine est prise sur le fait. Elle espère qu'il n'a pas vu ou senti ses prunelles se balader sur son corps. Les pans du manteau s'écartent pour laisser la chaleur envelopper entièrement son corps. Passer entre les couches des différents tissus. La jeune femme ose de nouveau lever les yeux et cette fois elle se contente du visage. La voix s'échappe des lèvres. Elle parle et il la regarde. Un peu intimidée, elle parle vite. Mirela n'a pris conscience qu'à moitié de la différence de l'autre. L'idée lui est venue en tête, mais ne s'est pas installée. Pourtant, elle voit bien qu'il regarde ses lèvres. Concentré sur les deux parties charnues qu'elle fait bouger pour le rassurer. Elle est un drôle de parasite. Un nuisible attachant qui ne veut pas se faire dérageant. La vagabonde se fait toujours petite. Ne veut pas spécialement être remarquée. Elle sait que c'est la meilleure méthode pour que les gens acceptent de l'aider à nouveau si elle en a besoin. Puisque qu'elle ne peut pas donner de l'argent ou proposer un certain type de service, elle opte pour la méthode la plus simple. Que personne ne regrette de l'avoir aidé. Elle se tait enfin. Un sourire comme ponctuation. A la vue des mains se mouvant dans dans les airs, la surprise s'installe sur son visage. Pour elle, les gestes ne veulent rien dire. Une barrière vient de se dresser devant eux. A présent, elle est certaine qu'il est différent, mais pas dans le mauvais sens. Elle est différente aussi. Forcément, la gamine se sent tout de suite mieux en sa présence. L'employé devient plus accessible. Quand les lippes s'ouvrent, c'est au tour de Mirela de se concentrer. Faire attention pour ne rien perdre. Elle ne pourra pas le faire répéter. L'humaine en profite pour observer la façon dont il fait bouger ses lèvres. Le mal qu'il se donne pour elle. Pour qu'elle le comprenne. Il s'adapte à elle et ça ne fait que le rendre plus fascinant. Les iris se détachent des sublimes traits pour l'écharpe. Tu peux la garder « Mer... » Déjà loin. Les yeux absents de ses lèvres. «...ci. » Elle termine quand même son mot. Se sentait stupide de ne pas le dire entièrement. Mirela s'avance. Observe l'épicerie. Première fois qu'elle y met les pieds. Les yeux se baladent sur les étagères. C'est calme. Le généreux revient vers elle et lui met dans les mains de quoi se nourrir. Elle le remercie d'un mouvement de tête. Quelques secondes à le regarder. Attendre une potentielle suite, mais rapidement elle comprends qu'il n'y en aura pas.
Le sac déposé à terre, près du comptoir elle passe derrière comme il lui a indiqué. Les doigts glissent sur le meuble. Le regard toujours curieux ne s'attachent pas aux éléments. Intéressée de voir de quoi est fait le côté inaccessible pour les clients. Le plat dans le micro-onde, elle enlève enfin son manteau. Recule de quelques pas pour le poser sur le sac avec l'écharpe. Les vêtements réajustés sur son corps. Les manches tirées pour recouvrir une bonne partie de ses mains. Les doigts jouent avec le tissu. Mirela prend le rôle d'admiratrice. Contemple le sourd alors qu'il travaille. Quelques fois, elle regarde ailleurs, mais revient toujours vers lui. Elle veut connaître son histoire. Les gestes. Le corps. Tout est analysé. La gamine n'est pas une grande bavarde. Solitaire, elle sait se taire pendant des heures, des journées, mais là, elle a envie de parler. D'échanger avec lui même si elle sait que la tache est plutôt difficile. Pas forcément à cause de l'handicap, mais c'est surtout qu'elle ne veut pas le déranger. Lui prendre toute son attention alors qu'il a déjà fait beaucoup. Elle se mord l'intérieur de la bouche. Craig. Les prunelles fixées sur les chaussures sales se posent immédiatement sur l'émetteur. Elle n'a pas bien compris le mot, s'en veut déjà de lui demander de répéter, mais il prend les devants. Répétition du mot et elle comprend que c'est le prénom. « Craig ? » De nouveau, mais de cette fois il sort des lèvres féminines. C'est plus pour elle-même qu'elle le réitère « Mirela » Prend soin de bien articuler. Pas trop non plus. Elle sait qu'il est pas commun. Pas adapté à la langue anglaise. Déjà que certains entendants ont du mal à correctement le prononcer la première fois, elle se doute que Craig n'y arrivera pas, mais elle est déjà prête à lui accorder tout le temps qu'il lui faudra.
La sonnerie du micro-onde retentit, mais elle s'éloigne de l'objet. Doucement, elle s'approche de l'employé. Une fois certaine qu'il est disposé à lire sur ses lèvres, elle les ouvre. «Où sont les toilettes ? J'aimerais aller me laver les mains si c'est possible. » Les deux paumes se lèvent comme pour apporter du soutient à la phrase ou qu'il juge lui même de leur état.  A la rue, mais Mirela n'est pas la stéréotype du sans-abris. Ça ne fait que quelques mois. Les souvenirs encore bien présents d'un certain confort. De la propreté et de l'image de soi.  Une mèche de cheveux est éloignée du visage d'un mouvement de tête. « On sait où elles ont traîné. »  La mèche retombe une nouvelle fois. Elle l'éloigne en soufflant. « Tu travailles tout seul ici ? » La question sort sans raison. Elle ne sait même pourquoi elle lui a demandé ça. Peut-être son besoin de se socialiser un peu qui est dans le rouge. Ou alors l'envie d'en savoir un peu plus sur le généreux. La mèche retombe une troisième fois devant le visage, mais elle la laisse. Attendra d'avoir les mains propres pour les approcher de son visage.  


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Craig Owens

Craig Owens
Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela
Lun 25 Jan - 19:51

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Craig n’est pas doué avec les gens. Maladroit, stupide. Il ne trouve jamais les mots, ne reconnaît pas leurs besoins et envies. C’est exactement ce qu’il se passe avec la gamine. Il ne se rend pas compte qu’elle veut s’installer avant de manger, qu’elle veut frotter la crasse de ses mains, la faire disparaître. Non, Craig se contente de lui imposer son ordre ; de la nourriture à réchauffer, aucune autre indication que celle du micro-onde et du tabouret. Il veut éviter son chat errant parce que maintenant qu’il la voit davantage comme un être humain, il hésite. Hésite sur le pas à suivre, sur ce qu’il est censé faire. Son intervention soudaine est une démonstration de sa maladresse. Il s’attend à ce qu’elle se braque, se dise qu’il est étrange, qu’elle ne veut pas rester avec lui. Il comprendrait. Il a l’habitude. Mais la plupart du temps, il en a rien à foutre. Cette fois c’est différent ; c’est important pour lui. Il veut que la blonde soit rassurée à ses côtés. Drôle d’objectif, sans doute lié à sa solitude. Ils lui ressemblent tellement, elle et son air pathétique. Pourtant, au lieu de mordre la main tendue, elle s’y accroche, accepte l’aide où Craig l’aurait refusé. Il est trop fier, trop aigri. Trop habitué à l’abandon. Nourrir la jeune fille l’aide, le fait se sentir mieux.

Il s’attend à un léger braquage, une méfiance dans les yeux de la fille, mais non. Rien ne vient si ce ne sont des syllabes dessinées sur ses lèvres. Mi-Ray-Lay. Mi-way-La ? Il n’a jamais entendu cet enchaînement, se mord les lèvres pour se punir de ne pas comprendre. Son prénom sonne étranger, dansant, et il tente de le reproduire avec sa propre voix. Perdu dans ses souvenirs, essayant de retrouver un prénom similaire, il ne remarque pas que la gamine a été avertie par la sonnerie du micro-onde. Il ne lève pas les yeux avant d’être sûr de ce qu’il a lu.

« Mi-Rey-La-w » Il marque une pause et sourit, timide. « C’est ça ? Désolé si j’le prononce mal. »

Il aimerait lui demander de se présenter une nouvelle fois, s’assurer qu’il ne passe pas pour un complet idiot, mais il remarque l’attention que Mireylaw porte à son regard. Elle ne commence pas sa phrase avant que ses yeux ne se posent sur ses lèvres. Et lui se fige, bêtement. S’attend à de la pitié, une exagération dans les gestes ou une lenteur ridicule dans les mots. Les gens font toujours ça quand ils découvrent qu’il n’entend pas. Il déteste cette manie, cette sympathie répugnante qu’on lui porte tout à coup. Comme si être sourd pardonnait tout. Oh, bien sûr certains sont plus subtils que d’autres, mais au final ils sont tous les mêmes. Craig devrait être reconnaissant et apprécier de voir les autres prendre en compte son handicap et s’adapter à son rythme. Mais il méprise cela. L’agacement pointe le bout de son nez en la voyant ralentir ses paroles, montrer ses mains comme pour emphatiser sa requête. Il avait très bien compris en ne faisant que lire ses mots. Il s’apprête à répliquer, froid, haineux, vexé. Mais c’est cette mèche remise en place qui le fait buter. Il glisse le regard sur les yeux clairs de la gamine et toute cette rage, cette habitude de hurler à la moindre trace de pitié, s’efface. Il se rend compte qu’elle n’y est pour rien ; Qu’elle voulait juste faire un effort. Qu’elle est innocente et que lui est vain. Quand la mèche retombe, il s’approche et la repousse, la coince derrière l’oreille de Mireylaw. S’écarte aussitôt, effrayé par son propre changement d’humeur. Il n’a pas fait attention à sa question. Il se contente de balayer la pièce d’un geste pour lui indiquer les toilettes et se retourne, rouge pivoine. Il envie de s’enterrer, de se cacher et de ne ressortir que quand sa colère habituelle sera revenue et ne se dégonflera plus face au regard d’une inconnue.

« Débaw- … Débarbouille-toi et remplis-toi l’estomac, on discutera après. »

Il essaye de se montrer froid dans ses instructions, mais même sans s’entendre parler il devine la faiblesse dans sa voix. Pourtant, au lieu de s’énerver ou de se flageller mentalement, il se contente d’une légère honte et d’un confortable contentement. Il s’avance vers les rayons, termine un faux rangement, étiquette quelques produits en attendant le retour de la blonde. Il arrive même à retrouver un semblant de contenance quand, après quelques minutes, il voit la porte des toilettes s’ouvrir et la gamine réapparaître. Il contourne les rayons et s’assied sur le tabouret, avant de tirer une chaise à côté de lui. Plonge la cuillère dans son bol de Lucky Charms abandonné. Ils vont manger sur la vieille caisse de son oncle, dans le coin d’un magasin vide, et ils ne se connaissent même pas. La situation est si cocasse qu’elle parvient à faire se détendre Craig. Sur le ton de la conversation, mâchant toujours ses céréales, il déclare :

« Je suis sourd, pas idiot. Je lis sur les lèvres si tu parles à un rythme normal. Tu n’as pas besoin de gesticuler, c'est vexant. Si tu veux attirer mon attention, touche-moi. Si je prononce quelque chose mal, dis-le moi. Si tu me parles, regarde-moi dans les yeux pour que je le sache. » Une légère pause, il porte une nouvelle cuillerée à sa bouche. « Juste pour mettre les choses au clair maintenant que tu sais ; Je veux pas de pitié, mais je ne veux pas non plus qu’on me prenne pour un type louche qui invite les inconnues dans sa boutique au beau milieu de la nuit. »



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Mirela Sedgewick

Mirela Sedgewick
Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela
Mar 26 Jan - 22:48


     
CRAIG & MIRELA


“What are you? I am miserable.”



Les âmes piétinées par les sabots de la cruelle. Les existences ravagées en une seule seconde. Mauvaises décisions, gestes stupides. Les routes diffèrent, mais suivent la même ligne. Celle des malheurs. Les mêmes étoiles dans les yeux sous la lumière fade des lampadaires. Ils se reconnaissent, eux, les délaissés. La même odeur de tristesse imprégnée dans les vêtements, sur la peau. Sans doute juste une impression exagérée par le handicap de son interlocuteur, mais dans cette hiérarchie de la misère il est bien au-dessus d’elle. Mirela fait partie de ceux dont on ne parle même plus. Les oubliés. Cependant cette nuit, grâce à lui elle a l’impression d’avoir sa place. Toujours son rôle de parasite, mais pour une fois elle n’a pas demandé. On lui a proposé, donné sans qu’elle n’ait besoin de quémander. Peut-être qu’il est plus gentil que les autres ou alors qu’il se sent seul aussi cette nuit. A la recherche d’une bonne action pour se faire mousser au prochain dîner de famille ou tout simplement l’envie. La gamine sait qu’elle est misérable. Trop jeune pour vivre dans la rue lui dit on comme si il y avait un âge pour se retrouver sans domicile. Elle fait son possible pour garder une allure de jeune femme avec une vie banale. Des vêlements plus ou moins en bon état. Au début, elle ressemblait à une étudiante comme les autres puis la fatigue s’est installée dans les creux laissés par les larmes. L’argent a commencé à manquer. Enchaînement difficile et sans succès. Cette nuit s’annonce comme un moment de répit.
Les prénoms échangés pour une présentation rapide. Elle aurait fini par lui demander son prénom. Aussitôt le premier pied dans l’épicerie et elle avait ressenti le besoin de savoir des choses sur son généreux. Elle sait que certaines fois, ils ne veulent pas trop en dire pas peur de voir les gens de son genre venir taper régulièrement à la porte. Mire attend que l’autre fasse le premier pas. Elle répète le prénom qu’il lui donne pour le faire rentrer plus facilement dans sa mémoire. Le dit une fois pour s’habituer aux prochaines. Elle articule le sien de la manière la plus naturelle pour ne pas le déformer non plus. Son attention entière portée sur Craig est volée par le boîtier qui sonne. Elle n’entend pas la fin du mot ni la mauvaise prononciation. De loin, les oreilles tournées vers le micro-onde ça ressemblait à son prénom. Mirela ne répond pas à la question. Se contente d’un sourire. Habituée que son identité soit écorchée et malmenée. Elle se rapproche de lui, s’éloigne de son repas chaud. Le besoin de se nettoyer un peu. Enlever les souillures invisibles des heures passées. Les mains se lèvent et les paumes se présentent au regard du généreux. Elle est incapable de savoir si elle aurait fait le même geste pour une personne capable d’entendre. Possible qu’elle l'est fait pour l’aider à comprendre. A cause de son handicap, mais pour elle ce n’est pas méchant. Pas de la pitié. Elle ne le pense pas incapable de comprendre et encore moins complètement débile. C’est juste un réflexe idiot. Tandis qu’elle se bat contre une mèche, il se rapproche et ses doigts viennent près du visage. Attrapent les cheveux et viennent les placer derrière l’oreille. Elle est étonnée, mais souriante.  « Merci. » Le rouge aux joues, elle baisse les yeux, mais les lève assez rapidement pour le voir lui indiquer la direction des toilettes. Ce n’est qu’un inconnu, un geste déplacé et pourtant elle n’est pas forcément mal à l’aise. Moins que lui forcément et elle remarque. Ça la fait sourire.La gamine commence à partir quand il parle. Elle s’arrête et se tourne pour le regarder. Même la phrase terminée, elle reste immobile à l’observer c’est quand il avance dans les rayons qu’elle continue son chemin.
La porte se ferme doucement et Mirela reste là, le dos contre le le bois. Les ongles grattent superficiellement la matière. Les yeux  clos. Les scènes se rejouent. La rencontre, l'écharpe, le comportement de Craig, son inconfort. Tout se termine par un sourire Un mince filet d'eau s'écoule directement les ténèbres des tuyaux. Elle frotte, se débarrasse de la mousse et recommence. Une fois. Deux fois. Cinq fois pour se sentir enfin propre. Elle regroupe ses cheveux d'un seul côté et se penche. L'eau coule directement sur sa peau.pour terminer directement entre les lèvres. Quelques gouttes s'invitent entre la peau et le tissus. Laissent une trace plus sombre. Du dos de la main, elle essuie les perles laissées sur sa joue. Les doigts encore humides viennent effacer quelques traces de maquillages sous les yeux. La gamine secoue rapidement ses mains dans le vide pour les faire sécher.
Les manches tirées pour recouvrir ses mains, elle dépose la barquette chaude. Installée près de lui, là où il a souhaité, elle regarde son plat. Fait tourner la fourchette entre les aliments. Elle a faim, mais ne veut pas non plus se jeter dessus. Évite de le regarder même si les yeux sont réellement attirés par la silhouette à ses côtés. Quand elle se dit que le silence est un peu embarrassant, il ouvre la bouche.  La main arrêté en plein geste reste dans l'air. Elle s'en veut de lui avoir montré ses mains. Il l'a mal pris et elle le comprend. Les prunelles honteuses s'accrochent à la nourriture. Quelle personne est-elle pour vexer l'homme qui lui a offert son écharpe et de quoi remplir son ventre. Une pause, mais ce n'est pas terminé. Il continue et elle repose son regard sur lui. Ce n'est pas la réaction qu'il devait attendre, mais elle se met à rire. Une main vient se plaquer contre sa bouche alors que la fourchette tombe dans le plat. Ce n'est pas de la moquerie. C'est juste la conversation qui est comique. « Tu sais à qui tu t'adresses ? » Le rire se calme, mais laisse un énorme sourire illuminée le visage de l'humaine. «De la pitié ? Pourquoi ? Tu as un travail, sans doute un logement, un frigo à moitié plein, des amis et de la famille. Je ne vois aucune raison d'avoir pitié de toi. » Le corps tourné vers lui, elle se rapproche un peu plus. Fait traîner les pieds de la chaise sur le sol, le grincement ne le dérangera pas. « Je suis désolée si je t'ai vexé tout à l'heure. J'ai pas l'habitude de... » Elle dégage d'un geste lent les cheveux retombés devant son visage. Elle n'a plus le sourire, juste de la douceur. Il ne peut pas l'entendre, mais la voix calme est faible. Elle reprend après une courte pause « … D'habitude on ne me voit pas. Ils regardent ailleurs, mais toi, tu m'as aidé sans même hésiter.. » Mirela sent l'émotion arriver. Pour lui, ce n'est sans doute rien. Juste un acte comme les autres, mais pour elle c'est énorme. « Je vais faire mon maximum, mais faut pas m'en vouloir. Je suis pas douée. » Pour les relations humaines. Pour les nouvelles rencontres. Pour sympathiser. Maladroite gamine qui fait son possible. Seulement une nuit, une écharpe et un repas, c'est tout ce qu'il lui faut pour commencer à s'attacher. «Tu es pas un type louche. » Elle reprend son plus beau sourire. « Tu es mon généreux. » Un clin d’œil puis elle se recule. Reprend sa place et sa fourchette. « Et je préfère Mire.»


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Craig Owens

Craig Owens
Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela
Mer 27 Jan - 15:48

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Il y a toujours cette peur de mal faire. Une réaction inappropriée, une colère injustifiée. Craig en est plein. Il crache ses défauts au visage des autres, les effraie pour se protéger. Cette fois, il se sent en contrôle. Comme si la relation s’établissant entre lui et la vagabonde lui appartenait, comme s’il était celui en charge des règles à respecter. Il l’a aidé, elle lui est redevable. Il n’a pas besoin de ressentir, juste de profiter de la compagnie, de l’absence momentanée de solitude. Ça fait du bien, pas vrai ? De ne pas avoir à rester sur ses gardes, de ne pas avoir à cacher ses émotions. Comme s’il avait enfin rencontré quelqu’un qui pouvait le comprendre. Quelqu’un comme lui, pathétique et perdu. Pourtant, elle est différente, sa trouvaille. Elle est douce quand lui est incapable, brute. Il peut le sentir dans ses gestes, peut le deviner dans sa voix. Quand elle rit, il ne ressent aucune moquerie. Juste de la sincérité. Il se sent stupide, mais le poids de l’humiliation ne l’écrase pas. Il n’y a aucune mauvaise intention derrière son éclat, son questionnement. Il a envie de chasser le sourire de ses lèvres. Il a envie de le conserver pour toujours, l’immortaliser.  Des idées contraires, qui s’opposent et font des étincelles dans l’esprit brouillé de Craig. Il ne sait plus quoi faire, ne sait pas comment réagir.

La gamine est naïve alors que Craig est méfiant, à la limite de la paranoïa. Il s’assure qu’elle s’installe, l’observe avec attention, lit ses lèvres et néglige son propre repas. Elle a raison ; Elle n’a pas à avoir pitié de lui. Il ne peut s’empêcher de lâcher un soupir, un peu tremblant. Cela fait si longtemps qu’il veut lire ces mots sur les lèvres de quelqu’un d’autre. Il ne veut même pas la reprendre, s’apitoyer comme il le fait d’habitude. Elle a raison, et la vérité sonne si douce à ses oreilles. Comme si on admettait d’un coup qu’il était normal, qu’il n’avait pas plus de problèmes que ça, qu’il était rien d’autre qu’un gamin ayant grandi sans son. Qu’il n’était pas à plaindre. Personne n’ose jamais rien dire à quelqu’un considéré comme handicapé. Parce que ce n’est pas politiquement correct, parce que le pauvre, il n’a déjà pas de chance on va pas en plus nous le mettre à dos. Il aimerait répondre quelque chose de concret à Mireylaw, mais il se contente de hocher la tête, reconnaissant.

Encore ce geste ; des mèches dorées repoussées en arrière. Il repense à sa conduite de tout à l’heure, à sa témérité et la soudaine proximité qu’il a ressentie envers la jeune fille. Comme s’ils étaient liés depuis le début et que ce genre d’action, cet acte presque intime, n’était rien d’autre qu’une habitude. Peut-être qu’il se retrouve dans ses yeux ternes, dans son air fatigué. Peut-être qu’il est le seul à ressentir cette contiguïté. Il ne lit pas ses excuses. Il n’en a pas besoin. A quoi bon, elle n’a rien à se reprocher. Seulement la colère de Craig à affronter, sa rage contre le monde entier. Son rejet de la douceur. La peur que lui impose cette rencontre. Qu’elle a l’air calme, sa trouvaille. Il a envie de rester près d’elle, de se laisser apaiser par sa présence. Il veut entendre sa voix et se laisser bercer par autre chose que le silence. Il rougit, détourne le regard, efface cette pensée.

« C’est juste toi. » Mauvaise choix de mots. Il veut disparaitre. « Je veux dire, je ne fais pas ça habituellement. C’est juste quelque chose en toi, c’est- … »

Il s’interrompt, s’empêche de dire une connerie, de déclencher quelque chose d’autre. Il ne veut pas effrayer Mireylaw. Il se tait, mais cogite, analyse ses mots, plus rapides que ses pensées. C’est la vérité, pas vrai ? C’est juste elle. Quelqu’un d’autre n’aurait pas mis un pied dans cette boutique. Peut-être une pièce jetée, pour avoir la paix, pour apaiser une conscience qui se fait entendre au fin fond de son esprit. Ses yeux sont rappelés aux lèvres de la plus jeune. Il la lit clairement, peut presque sentir la faiblesse dans sa voix. Il a envie de la rassurer ; elle n’est pas comme elle se décrit. Elle ne savait pas, Craig s’est jeté sur l’occasion de blâmer quelqu’un, de le faire se sentir maladroit, imbécile. Parce qu’habituellement il aime ça. Cette fois l’action laisse un goût amer. Il signe, parce que les mots ne veulent pas sortir. Ce n’est pas important si elle ne comprend pas, il veut juste l’exprimer.

« C’est moi. Je suis désolé. »

Il la rassure avec un sourire maladroit, lui fait comprendre que ce n’est pas quelque chose qu’il peut dire à haute voix. Il pense la conversation terminée, veut reprendre la cuillère dans ses mains tremblantes en priant que Mireylaw ne le remarque pas. Il est nerveux. Pas habitué aux conversations de ce genre. Ce qu’il comprend après le fait se figer. Il a bien lu ; oh, c’était lisible, sur la bouche rosée de la gamine. Il répète ses paroles, silencieusement ou à haute voix, il ne le sait même pas. Mon généreux. Sa main semble immense quand elle vient se poser furtivement sur le bras de la blonde. Il n’est pas confortable avec le contact alors le toucher ne dure que quelques secondes, juste le temps pour lui de répéter le surnom.

« Mire. »

Il l’a compris celui-ci. Il le sait. Il le reconnaît, arrive à le reproduire parfaitement. Fier.

« Reste avec moi ce soir ? Dors ici, il fait chaud. »

Il ne propose pas à la légère, appréhende la réaction. Il travaille jusqu’aux petites heures du matin, quand les salariés débarquent acheter leur déjeuner souvent oublié sur le comptoir de la cuisine. Il échange sa place, ne supporte pas les journées chargées. Son oncle ne prendrait pas le risque de laisser un sourd diriger la boutique en plein rush. Mais cette nuit solitaire semble s’éclairer à l’idée d’avoir de la compagnie. La présence rassurante de la gamine, endormie sur le canapé de la réserve.

La question est chevrotante, avortée. Terrifiante, du moins pour lui. Il n’a pas pitié ; il veut juste garder la gamine. Il ne s’est jamais senti plus fragile que maintenant. Ni plus calme. C’est si étrange.

« S’il te plaît. Reste. Je ne veux pas être seul. »




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Mirela Sedgewick

Mirela Sedgewick
Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela
Jeu 28 Jan - 21:27


     
CRAIG & MIRELA


“What are you? I am miserable.”



Mirela le regarde. Elle observe la mâchoire se serrer. Elle admire les deux océans qui se posent sur ses lèvres. La tristesse délicate qui se dégage de ses traits. La colère sous-jacente qui ne demande qu'à hurler dans chacun de ses mouvements. Ses paroles. Craig est énervé contre la grande Garce. La chienne qui donne et qui prend. Insatisfait de son destin. Ils se rejoignent sur ce point.  L'un est sourd, l'autre pauvre. L'une se tait dans son désespoir alors que l'autre préfère en vouloir à la terre entière. Deux façons de faire. Des différences qui ne font que les rapprocher. Ils se complètent les deux inconnus. Plus qu'ils ne peuvent le penser sur le moment. Mais bientôt. Oui bientôt il fera partie de sa vie. Il sera un pilier, un ami, un confident et tellement plus que ça.  L'employé a réussi là où d'autres ont échoué. Il ne s'est pas heurté au mur de sécurité qu'elle dresse devant chaque étranger. Il a fait taire tous les soupçons pouvant naître de cette rencontre tellement rapidement. Mirela a l'impression de le connaître déjà.  Craig est l'ami qu'elle attend depuis des années.  La rencontre qui réchauffe son cœur. Il est l’espoir de ne plus être seule à présent. Il est l'envie de s'ouvrir un peu plus au monde qui l'entoure. Il est juste Craig celui qui lui a illuminé sa soirée. Il est mignon le généreux. Plus embarrassé qu'elle. Il rougit de ses propres initiatives. Normalement, elle se serait éloignée en voyant la main s'approcher de son visage. La gamine aurait pris peur d'une telle intrusion. Ce geste innocent l'aurait effrayé car la gamine aurait mal interprété, mais pas avec lui. Il ne dégage pas ce danger. Il ne la regarde pas comme les autres hommes. Les yeux ne sont pas vicieux, ils ne se perdent pas sur son corps. La vagabonde se sent en sécurité avec lui. Mire n'est pas dérangée par la proximité. Elle en redemande même. L'humaine boit ses paroles. Elle l'écoute avec une grande attention. La première partie la rend honteuse. Elle le fuit du regard. Il a du regretter de l'avoir aidée. La gamine n'est pas douée pour les relations humaines. Elle ne l'a jamais été. Toujours à l'écart. Silencieuse. Plus observatrice qu'actrice. Mirela aime bien sa place. Être le centre d'attention, elle n'aime pas ça. Les joues deviennent rouges. Les mains moites. La voix tremblent et les larmes attendent la première occasion pour déferler sur ses joues chaudes. Trop timide, ça prend des toujours des proportions ridicules. Elle devient ridicule ! Les informations sont enregistrées. La manière de lui adresser la parole, elle ne veut pas se tromper à présent ni le vexer. La pause silencieuse et les yeux retournent sur lui. Il n'a pas terminé, elle attend. Pas de pitié. Un type louche. Son rire résonne. Ne se retient pas. C'est imprévu. Elle essaie de taire son amusement sous la main qu'elle plaque contre ses lèvres. L'autre main se pose sur sa poitrine qui se lève sous son hilarité. La rieuse se calme en le regardant. Elle se confie à lui et ne ressent aucun inconfort. C'est tellement naturel.  Elle l'instaure une certaine proximité en se rapprochant un maximum de lui. Son parfum lui arrive aux narines. Le même que sur l'écharpe. Elle aime cette odeur. Aimerait pouvoir se rapprocher un peu plus, se coller à lui et en profiter. La voix diminue. Calme et douce. Elle parle encore et encore. Monopolise la conversation en faisant attention à son débit. Elle a l'habitude de parler rapidement. De marmonner, mais avec Craig l'effort vient tout seul. Le regard se détourne d'elle et Mirela cherche à le faire revenir. Le buste s'avance un peu, se penche. Elle est souriante l'enfant. Ne sait même pas pourquoi ses lèvres s'étirent, c'est juste lui, sa présence. C'est au tour de Craig et elle perd immédiatement le bonheur affiché. Juste pour elle. Rien que pour elle. Son cœur manque un battement avant de repartir de plus belles. Elle reprend la parole et tente de dissimuler son émotion. C'est bien la première fois qu'on lui dit quelque chose comme ça. Juste elle. Elle veut réentendre la phrase et la garder pour l'écouter dans les pires moments. Il signe, elle ne comprend pas, mais ça n'a pas d'importance car le sens se dégage de toute sa personne. L'homme répète la phrase qu'elle vient de prononcer. Le généreux. Le beau au grand cœur. Elle termine en lui laissant la possibilité de l'appeler par son surnom. Marque un peu plus cette proximité, le lien naissant entre les deux âmes torturées et il y répond en posant sa main sur son bras. Il répète tandis qu'elle regarde les doigts. Étonnée de le voir faire ça alors qu'il était déjà mal à l'aise sans avoir touché sa peau. Même quand la main s'éloigne, elle reste figée sur le bras à présent vide. La chaleur est encore présente. Elle sent encore cette paume fantôme à travers le tissu.  La tête est rapide à se relever quand il lui demande de rester. Mirela ne s'y attendait vraiment pas. Déjà trop de générosité, elle n'aurait pas espérer qu'il en rajoute. Alors elle reste dans le silence. Ne veut pas en abuser ni provoquer des problèmes avec sa hiérarchie. Elle n'est qu'une sans abri. Une vagabonde voleuse qui s'envole aux premiers rayons de soleil. Mais il lui redemande et sa dernière phrase ne la laisse pas indifférente. C'est pour lui autant que pour elle. L'hésitation se lit encore sur son visage, mais elle termine par reprendre son immense sourire. « D'accord ! »  Sa main vient se poser sur le genou de Craig comme pour signer un pacte. C'est innocent pour elle et ça ne dure pas bien longtemps car elle reprend rapidement sa place sur la cuisse de la blonde. « Tu ne vas pas le regretter ! »  La bonne humeur est arrivée. A emporté toutes les pensées sombres. Le généreux rend la nuit belle. «Les nuits doivent être longues tout seul ici ? »  Peut-être qu'elle pourra revenir. D'autres nuits près de lui pour oublier sa misère dans la simplicité de la relation. Elle reprend sa fourchette avant que son plat ne refroidisse complètement. Enfin ça ne la dérangerait pas de manger froid. « Ça ne doit pas être évident non plus de travailler de nuit. Les relations humaines et tout ça. »  C'est sa manière à elle d'en savoir un peu plus sur lui sans le lui demander directement. Elle ne veut pas trop s'imposer ni l'effrayer avec sa curiosité, mais elle meurt d'envie d'en savoir tellement plus. Elle sait qu'il y a des choses à découvrir. « Vivre en décalé. »   Un soupire. L'index passe sur ses lèvres avant de reprendre. Lui laissant la vision libre sur sa bouche. « On  se ressemble Craig et je ne suis pas certaine que ça soit une bonne chose pour toi. »  Une plaisanterie qui a le goût amer de la vérité.


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Craig Owens

Craig Owens
Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela
Dim 31 Jan - 15:33

Stray cat ✛ ft. Mirela Tumblr_inline_nrj8g00VYB1twc3od_500   Stray cat ✛ ft. Mirela Tumblr_m9jdpxXbns1rooebp

Il est reconnaissant envers Mire pour ne pas relever ses signes, le questionner et lui en faire cracher la traduction. S’excuser à haute voix est différent, plus difficile. Se faire comprendre, l’assimilation des excuses, la gêne ; toutes ces conséquences qu’il n’est pas prêt à accuser. La question que crachent ses lèvres est presque inopinée. Inattendue. Une demande à laquelle il ne s’attendait pas, surtout venant de sa part. Mais avec cette nouvelle part de lui-même, cet ange débarqué de nulle part, il se rend compte d’ô combien il était seul. Il se rend compte que sa colère l’isolait, le faisait se sentir amer et glacé. La réponse se fait attendre et il n’ose pas lire le refus sur les lèvres de son invitée. Peut-être que sa naïveté ne s’étend pas aussi loin, qu’un inconnu la suppliant de dormir en sa compagnie parait trop suspect. Peut-être a-t-elle changé d’avis. Pourtant ce n’est pas une grimace qui décore ses traits, mais un sourire. Elle est rayonnante et Craig ressent le besoin de la toucher, s’assurer qu’elle est réelle. Qu’il n’est pas en train de rêver. Elle s’en charge avant lui, une main venant se toucher sur son genou. Physique, factuelle. Sûre. Elle n’est pas un fantasme, juste un ange que la crasse humaine a épargné. Une perfection rejetée par l’Homme. Craig ne sait pas quoi penser. Ne sait que faire de cette admiration, de cette attraction qu’il ressent envers Mire. C’est plus qu’une attraction. Une presque connexion, comme deux côtés d’une même pièce. Comme si Mire avait été envoyée pour parer sa colère et l’apaiser. La faire disparaitre et le soulager de ce fardeau.

Elle est si innocente dans ses réactions. Il veut venger la tristesse dans son regard, faire souffrir celui qui a jeté Mire à la rue, qui lui a fait subir le froid, la douleur et la faim. Il veut la protéger, l’empêcher de perdre cette étincelle. Son généreux. L’appellation résonne comme un titre, un devoir. Un nouveau but dans une existence vide. Egoïste. Tu ne vas pas le regretter ! Bien sûr que non. Comment le pourrait-il quand se tenir à ses côtés se rapporte à apprendre de nouveau à respirer.

« Je sais. »

C’est tout ce qu’il peut exprimer. Ce qu’il ressent est encore trop confus. Il est bref mais n’en pense pas moins. Craig est pudique, n’a pas pour habitude de se confier. Un conditionnement qui ne s’effacera sans doute jamais. Il n’a jamais eu besoin d’avouer ; la confession est un concept trop abstrait pour lui. Il se contente de peu. Le changement de sujet le rassure, lui fait momentanément oublier son chaos intérieur. Il est le seul à se mettre dans cet état. Mire a l’air sûre de sa décision, en confiance. Pourquoi panique-t-il à ce point ? Il est bizarre le gamin Owens. Mal foutu.

Il hausse les épaules face à la question de Mire. Habituellement, il préfère être seul. Toutes les nuits sont longues à ses yeux. Parfois, il a l’impression que même la vie l’est. Pensée furtive qu’il la voudrait plus courte. Abattre une bête souffrante.

« Pas vraiment. Je préfère être seul. » Il rajoute, se rend compte qu’il a dit une connerie. « Habituellement je veux dire. »

Il fait honte dans son incapacité à communiquer. Imbécile qui met toujours les pieds dans le plat. Ses mains jouent avec la cuillère, repoussent ses céréales ramollies par le lait. Il occupe ses doigts et y applique toute sa concentration, s’empêchant de rajouter une autre maladresse. Pourtant elle a l’air de comprendre. Elle a l’air de deviner son incapacité à communiquer. Il se demande si elle ne parle pas de son handicap quand elle mentionne les « relations humaines » mais ravale son indignation. Il préfère l’imaginer parfaitement compréhensive ; il préfère lui faire deviner que ce n’est pas sa surdité qui pose problème mais son comportement général.

Il ne prête plus vraiment attention à la conversation, mots échangés vainement, tentative de partage. Lire sur les lèvres lui demande une certaine concentration qu’il n’arrive pas à obtenir, les pensées fusant trop rapidement dans son esprit. Pourtant, l’index sur les lèvres rosées de la blonde le rappelle à l’ordre. Un commandement qu’il s’oblige à suivre. On se ressemble. Même s’il ne les entend pas, les mots résonnent dans sa tête. Elle aussi ressent cette connexion. Cet étrange lien qui lui donne cette impression de familiarité. Sa réaction est immédiate, presque agressive de par son enthousiasme.

« Ne dis pas n’importe quoi. » Il grince des dents, hésite à continuer. Finalement, les mots dégueulent de sa bouche avant qu’il ait le temps de les arrêter. « On est misérables, c’est notre seul point commun. Regarde-toi. Ce n’est pas moi le ‘généreux’ ici. »

Il ne sait pas s’il s’est fait comprendre. N’ose pas lui demander. Il devine un silence lourd, pesant. Il se décide à le briser, laisse sa rage guider ses pensées, amener ses questions.

« Qui t’a fait ça ? » Brute. Il désigne Mire d’un geste vague. « Et toi, qui t’a abandonné ? » Parce qu’il reconnaît l’abandon chez une personne. Aussi évident que sa tristesse. De cette étincelle d’espoir qui vacille en eux. « N’es-tu pas en colère après eux ? Pourquoi tu continues de me sourire comme si de rien n’était ? »

C’est la jalousie qui perce sa voix. Comment fait-elle ? Comment arrive-t-elle à garder cet air invaincu ? Elle est si forte, sa vagabonde. Il l’envie. Hait ceux qui lui ont brisé les ailes. Sentiments nouveaux pour une inconnue, une âme sœur ramassée dans la rue.

« Je pense que c’est une bonne chose que tu sois là. » Pause. Un soupir, une voix timorée. « Je pense que tu es une bonne chose pour moi … Est-ce que ça fait de moi quelqu’un d’égoïste ? »

Question rhétorique. Bien sûr que oui tu es égoïste Craig.



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Mirela Sedgewick

Mirela Sedgewick
Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela
Mar 2 Fév - 21:51


     
CRAIG & MIRELA


“What are you? I am miserable.”



Il est brisé le gamin. Comme elle, peut-être plus ou alors la balance stagne entre les deux. Pas un plus que l'autre. Mirela ne sait pas, elle ne peut pas dire  si elle est plus triste que lui. Si la grande garce a été plus méchante avec la gamine ou l'homme. L'audition vaut-elle la pauvreté ? Cette question ne peut avoir de réponse. Penser qu'elle est plus à plaindre que lui serait stupide. Penser qu'il est plus à plaindre qu'elle serait de la pitié. Alors elle préfère penser qu'ils sont égaux dans le malheur. C'est mieux pour se serrer les coudes. Il signe. Les mains dansent dans l'air. Elle ne comprend pas, mais est émerveillée par les gestes. Les mots qu'on ne prononce pas. La chorégraphie d'une langue silencieuse. Pratique sublime qu'elle lui envie avant de se rappeler que c'est nécessaire pour lui. Ce n'est pas un loisir, mais un besoin pour communiquer. L'envie de lui demander quelques gestes supplémentaires pour apprécier sa dextérité, mais elle ne fait rien. Pas le moment. La peur qu'il se vexe, le prenne mal car elle donnerait de l'importance à sa différence. L'entendante apprécie les efforts.C'est une discussion comme les autres. Elle en oublie l'absence d’ouïe de son camarade. C'est un accent fort. Quelques syllabes mal engagées. Proposition alléchante qu'elle comprend immédiatement. Le généreux porte bien son nom. Ange gardien mis sur sa route. Hasard ou destin. Étaient-ils fait pour se rencontrer ? Un silence pour réfléchir. Peser le pour et le contre. Si ça ne tenait qu'à elle, Mirela accepterait sans hésiter, mais ce n'est pas elle. C'est lui qui prend les risques. La gamine accepte bien évidement. Pour ne pas qu'il soit seul. Il lui donne l'impression d'avoir besoin de sa présence autant qu'elle a besoin de chaleur. Prêt à accepter une inconnue au risque de le regretter. L'humaine est différente. La petite créature effrayée n'est plus. Ouverte telle une fleur au soleil. Elle ose toucher le mignon. Le genou d'un geste innocent. Petite pression pour souligner sa gentillesse. Lui prouver qu'il n'est pas tout seul. Jamais, elle n'aurait touché un autre homme, mais il est pas comme les autres le généreux. Tu ne le regretteras pas Promesse d'une enfant qui n'aime pas être déçue. S'il le faut, elle ne dormira pas de la nuit pour lui tenir compagnie. Une nuit blanche ce n'est pas effrayant. L'absence de sommeil pour occuper les pensées plutôt que le manque du médium. Curieuse la bohémienne qui s'infiltre discrètement. Questionne pour savoir si la place est libre aux côtés de l'employé. Lui tenir compagnie et rendre les nuits plus belles comme il fait avec elle. Craig aime la solitude. Merveilleuse surprise, mais que font deux solitaires qui se rencontrent et apprécient la présence de l'autre ? Restent-ils ensemble dans cette solitude ou alors la quittent-ils ? Il ajoute, complète sa phrase, mais elle ne l'a pas mal pris. Le réconforte d'un regard doux. « On est deux ! » La solitude pour ne pas être déçue. Pour se protéger. Elle le regarde. Ses yeux. Sa bouche. Ses mains qui repoussent le bol. La bavarde parle pour ne rien dire car elle jouit de cette capacité d'entendre sans effort. Car pour elle, c'est simple et ne voit pas qu'elle comble Craig de phrases inutiles.
Le besoin de lui dire ce qu'elle ressent. Les similarités évidentes doivent être soulignées. C'est tellement rare de trouver une personne reflet de soi-même. Ils se ressemblent et elle doit lui dire. Lui faire comprendre qu'il n'est pas comme les autres sous forme de plaisanterie car c'est plus simple ainsi. Elle y croit jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche. Misérables. Misérables. On est misérables. Misérables. le mot résonne dans sa caboche. Elle le sait, mais l'entendre est autre chose. Mirela le quitte des yeux. Il a relevé sa position. La situation catastrophique. A prononcé le mot fort. Le sourire disparu. Remplacé par la brillance triste des prunelles. Ce n'est pas méchant ce qu'il lui a dit, c'est juste la vérité qui la percute. Les lèvres pincées, mordues. Incapable de parler sous les émotions trop fortes. L'espace d'une seconde elle le déteste. Pas Craig, non, mais son médium. C'est de sa faute, si elle est dans la rue, mais l'amour revient. Une vague qui emporte toute l'amertume sur son passage. Elle peut pas lui en vouloir. Pendant le silence long, ou pas, Mire ne sait pas elle n'a pas vu les secondes passées sous les souvenirs du médium. Qui? Gordon bien évidement. C'est lui qui a abandonné la gamine. Lui, le disparu qu'elle attend toujours. Cherche du regard  dans les foules denses de New-York le visage de ses rêves. Les clairs ont regagnés leur place dans ceux de Craig. Elle le regarde. Les yeux scintillants. « Ça n'a pas d'importance ! »  Bien sûr que si. Elle quitte sa chaise, s'approche de lui au plus près. Les mains se posent délicatement sur les joues. Elle a besoin de ce contact. « Qui m'a fait ça ? On s'en fiche ! Pourquoi devrais-je être en colère contre lui et pas contre moi ? »  Eux devient lui. Révèle une partie. «Tout est de ma faute. J'ai choisi cette route et je me suis trompée. Je suis la seule responsable, il n'y est pour rien. »  Elle le défend son médium. Corps et âme. La gamine encore amoureuse de son beau. « Je continue à sourire car c'est tout ce que j'ai. C'est tout ce qui me reste. »  Contrairement à lui qui peut encore trouver son bonheur et son malheur dans les choses de la vie. Mirela est réduite aux besoins de l'être humain. Se nourrir, dormir, survivre. Une bonne chose ? Elle ? Il se trompe. L'humaine n'est qu'un boulet. Une chose qu'il traînera à sa cheville jusqu'à ce qu'il décide de disparaître. Les mains s'éloignent dans une caresse. « Tu ne sais pas de quoi tu parles. » Elle se recule. Reprend de nouveau sa place. « Crois moi, je suis pas une bonne chose pour toi. »  Car l'enfant s'envole. Cours, disparaît puis revient comme si de rien n'était. Il ne faut rien attendre d'elle. Il ne faut pas s'attacher aux cheveux dorés. «Tu ne peux pas être égoïste, pas après cette nuit ! »  Elle regarde son plat, l'appétit n'est plus. Coupé par la conversation et le fantôme du médium pourtant elle se force. Pas de gâchis et ça ne pourrait que lui faire du bien. « Qu'est-ce qui te fait penser que je suis bonne pour toi ? »  Mirela veut savoir ce qu'il arrive à voir chez elle alors que les autres n'y arrivent pas. Même pas elle.


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Craig Owens

Craig Owens
Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela
Mar 16 Fév - 19:29

Stray cat ✛ ft. Mirela Tumblr_inline_nrj8g00VYB1twc3od_500   Stray cat ✛ ft. Mirela Tumblr_m9jdpxXbns1rooebp

Les gestes attirent toujours l’attention. Ils sont mystérieux, précis, gracieux. Ceux qui ne comprennent pas la langue signée vous fixent comme si vous étiez une sorte de magicien. Comme si vous communiquiez de façon secrète et poétique. Mais ce ne sont que des mouvements. Des gesticulations pour remplacer des mots imprononçables, difficiles à avouer ou à exprimer. Craig se cache souvent derrière ces contorsions. Il a honte de cet accent qu’il ne peut pas soigner, des syllabes mal interprétées et recrachées à la va-vite. Comme si sa bouche ne pouvait pas les interpréter correctement. Il remarque le regard de Mirela, coince ses mains sous ses cuisses comme pour les empêcher de s’exprimer d’elles-mêmes. Elles doivent se taire, cesser de l’exposer. D’exposer ses véritables pensées.

La gamine le rassure quand elle le rejoint dans ses constatations. Bafouillage plutôt. Elle n’en a pas tenu rigueur, a compris ses intentions. Elle est comme lui, elle préfère la solitude. C’est un peu étrange. L’isolation les rapproche, ils essayent de la combler, de la faire disparaître à deux. L’union fait la force, ou une connerie dans le genre. C’est juste agréable de ne plus avoir à affronter les démons qui apparaissent dans l’ennui ou l’abandon. Comme deux exilés du même pays. Il y répond avec un sourire sincère, même si réservé. Il ne rajoute rien de plus. Ne sait pas vraiment quoi dire. Il n’a pas l’habitude de ce genre de réaction. Pas de la pitié, juste de la compassion. De la compréhension. Il trouve cela bizarrement rafraichissant.

L’état rassuré dans lequel il se trouve est rapidement interrompu par la négligence de la réponse de Mire. Il peut deviner le ton faussement insouciant, et sa colère précédemment domptée se réveille ; pas envers la jeune femme, mais envers celui dont elle recouvre à peine l’existence. Il ne peut pas s’imaginer quelqu’un faire du mal à la blonde. Comment cette personne aurait-elle pu faire souffrir une gamine qui pardonne aussi facilement ? Qui oublie le mal qui lui a été fait, ou du moins se montre aussi évasive face à lui. Qui rejette la faute sur elle-même au lieu d’entretenir sa rage. Craig se retient de la consoler, de passer un bras rassurant autour de ses épaules frêles. Il n’est pas à l’aise avec le contact physique, l’évite, mais cela ne veut pas dire qu’il est rebuté par ce dernier. L’envie de la consoler ne s’efface pas alors il la contient et la garde pour lui. Il se contente de serrer les poings, d’exprimer sa colère au travers d’un regard noir et d’un soupir bruyant qu’il n’a pas conscience de laisser s’échapper. Sa prononciation déformée par l’agacement.

« Bien sûr que non on s’en fiche pas ! Si quelqu’un te fait du mal tu dois lui en vouloir ! C’est … naturel. »

C’est ce qu’il aurait fait, oui. Parce que Craig est constamment en colère. Jaloux de Mire. De sa capacité à pardonner. Tout semble si facile quand elle affiche son sourire rayonnant. Il ne sait pas s’il veut qu’elle le garde ou s’il veut le voir s’effacer. Il s’imagine y avoir le droit tous les jours, à chérir chaque moue sur son visage. Il aimerait lire cette même joie dans ses yeux. Pourtant, elle ne fait que se dénigrer. Encore une fois elle se rabaisse, renie cette position que lui offre Craig. Il veut protester mais elle continue, s’applique à le flatter, à faire comme si elle avait raison. Une bataille ridicule que les deux se livrent. Peut-être qu’au fond ils ne sont pas mieux l’un que l’autre. Peut-être qu’à deux ils s’améliorent, deviennent meilleurs. Peut-être que leur rencontre a un sens après tout. Comme un coup du destin, autre chose que le hasard. Au final, peut-être que la curiosité a raison de Mire parce qu’elle pose la question tant redoutée. Craig est un peu pris au dépourvu. Il s’assure qu’il a bien lu, prend le temps de réfléchir, de répondre. Au final, tout ce qui lui vient à l’esprit c’est une intuition. Un murmure qui lui affirme que Mire est quelqu’un de bien, en général et pour lui-même. Et ça sonne si stupide qu’il n’ose même l’avouer, je contente de bafouiller une réponse rapide.

« Je sais pas. C’est juste … Une impression. C’est -  »

Comment peut-il expliquer ça à une presque inconnue ? Comment peut-il expliquer ça, tout simplement ? Il se contente de mordiller sa lèvre, se racle la gorge, dégage ses mains de sous ses cuisses quand ses doigts deviennent engourdis et douloureux.

« C’est stupide, mais je sais juste que tu es quelqu’un de bien. » Une courte pause, et c’est soudain sa colère qui fait se mouvoir ses lèvres et lui fait rajouter en marmonnant. « Arrête de te rabaisser. Tu vaux mieux que ça. »

Il lui épargne un regard inquisiteur avant de le concentrer sur son bol de céréales ramollies pour ne pas lire de réponses ou de contestations. Il refuse de les appréhender, entêté et sûr de lui. A la place, il se contente d’arracher un post-it collé à la caisse et y inscrit rapidement son adresse et numéro de téléphone avant de le faire glisser vers Mire.

« Si jamais … Si jamais tu en as marre d’être dehors après ce soir, ma porte est ouverte. Juste … N’essaye pas de m’appeler. » Il gesticule en direction de ses oreilles, lâche un rire amer.   « Envoie-moi un SMS. J’essayerai de te prouver que tu es une bonne personne. »

Embarrassant. Il se contente de se bouffer la lèvre, de s’empêcher de sortir une nouvelle connerie. Il est trop gêné pour lever les yeux sur Mire et lire sa réponse. La générosité ne lui va pas.



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Sujet: Re: Stray cat ✛ ft. Mirela

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