'Cos if you don't believe, it can't hurt you
and when you let it leave, it can't hurt you
'Cos if you don't believe, then you know, then you know
It can never do you harm
'Cos if you don't believe, it can't hurt you
Lumières à néon, phosphorescence blême qui suinte le long des murs, éclabousse les contours d’un bâtiment trop familier. Ombre penchée sur l’une des tables à croquis, le crayon qui noircit les doigts, tâches de café sur les papiers. Atlas de points anonymes sous les paumes. Asriel en connait chaque nom, chaque courbe, les doigts qui caressent les millimètres infimes attribués à Encelade. Les prunelles voilées de l’azuré se lassent du document, avide de la contempler réelle, la lune de glace aux geysers incandescents. Asriel esquisse un sourire au souvenir d’Encelade entre ses mains, si terne après Titan, particules de poussière jeunes et tendres dont il aimait à se tâcher les doigts autrefois. Ne reste sur les sillons de l’épiderme que la craie et l’encre, et loin dans l’univers les satellites interstellaires. Soupir entre les lèvres minces. Le mirador cosmique chavire doucement dans l’obscurité. Hurlent dans les atomes d’un séraphin encore candide les afflictions déchirantes. Se pâmer pour les astres sur papier dans le cruel éclat du jour. Asriel au nez levé, prunelles écarquillées lorsque la silhouette glisse sur le bitume pour les voir enfin les magnifiques, astres limpides dans les ténèbres ardentes. Io délaisse l’observatoire de métal gris, ses mains tâtonnants à la recherche d’un bâton de cigarette. Le mégot entre les lèvres et le déclic du briquet, poison dans les poumons. Io savoure l’esprit aérien d’une nuit au visage parsemé d’adorables tâches de rousseurs. À portée de doigts si seulement il le pouvait. Silhouette qui se faufile loin des candélabres, nicotine plein la cage thoracique. New-York qui doucement s’endort à la lisière du jour, secondes volées à l’orée des nuits qui palpitent avec ivresse. Silence qui bruisse entre les buildings. Io aux mains dans les poches et filtre entre les lèvres, Io aux prunelles qui redessinent les courbes des constellations. Les douces amantes, somptueuses amies. Volutes bleutées qui s’élèvent pour lécher le firmament. La ville et ses buildings en concurrence, gratte-ciel à la fierté de béton. Monstres titanesques qui bordent les routes d’une cité corrompue. Fascination électrique sur l’épiderme. Ombres des mortels qui s’entrechoquent dans l’atmosphère. Relents d’alcool et de luxure qui rampent dans les allées alors que Io l’astronome émerveillé erre dans le ventre affamé d’une ville qui reprend lentement ses droits. Tambourinements assourdissants des boites de nuit. Hurlements de vie des mortels aux veines chargées de quintessence factices. Curiosité aux dents aiguisées sur la nuque d’un ange familier de l’univers. Entre ses doigts les cendres d’une cigarette consumée.
Dans les lointaines galaxies la minuscule Cérés danse avec grâce, ange gardien, enfant chérie d’un séraphin perdu dans les rues de la grande pomme. Manque dans les veines de caresser les astres alors que l’ombre aux ailes bridées déambule entre les buildings cendreux. Le début de déchirure dans la poitrine. Asriel le vagabond aux yeux écarquillés, les élans d’adoration dans les muscles qui se heurtent à l’incompréhension. Goût d’alcool et odeur de déchéance rampants sur les vertèbres, Io et la solitude mordante. Les hommes aux voix éraillées, les femmes aux rires chargés. Juste à portée de doigts, les fantômes de chair, espèce étrange et fascinante. Soupir entre les lèvres. Barrette de nicotine glissée au coin de la bouche. Délice d’un poison sans effet dans les poumons. Les astres adorés flamboyant dans leurs silences qui ne sont d’aucun réconfort ce soir. Des milliers de pas, les rues écumées encore et encore, désespoir à l’acide de se mêler aux êtres de chair, tâtonnement fébriles à l’aveugle pour celui qui passe sa vie à observer. Voracité des sons, Io boulimique des émotions qu’il sent à fleur de peau sans jamais pouvoir s’en enivrer. Ombre qui s’étend dans les recoins, Io démesuré en quête d’une âme à qui s’adresser. Granit familier, lampadaires crevés la gueule béante, frisson dans les particules de l’organisme céleste. Souvenir furtif d’une nuit qui vibre encore entre les murs, sur la langue la douceur muette tendrement veillée d’une lune céruléenne. Froissement des ailes sur la colonne vertébrale. Quelques tours de cadrans auparavant, l’ange et l’humaine en silence bercés. Le dessinateur des systèmes solaires replace les traits fins, les yeux immenses et les mèches ternies. Chaleur sur l’épiderme au souvenir, et dans les ombres qui se détachent des bâtiments, Asriel cherche celle qui exprime la sérénité sans même parler. Monstres chimériques qu’il croise dans leurs turpitudes, lueurs tremblotantes qui aspirent à enfler. Palpite au bout des doigts les crépitements électriques déjà rencontrés. Il discerne la silhouette familière, inespérée. Asriel lui même voudrait se jeter à ses pieds. Visage connu dans la foule anonyme. Il ne sait même pas son nom. Juste la chaleur dans la cage thoracique au souvenir de la petite humaine endormie, sereine.
Bonsoir… L’angoisse soudain qui lui enfle la gorge, lui tord les entrailles, humaine, humaine, elle ne peut rien pour lui, elle ne le reconnaîtra probablement pas, Io le fou, Io le perdu aux ailes douloureusement dissimulées. La voix qui s’embrouille et la langue qui se tord.
J-je suis l’homme de l’autre nuit … enfin on s’est déjà vus je… Encelade est plus facile à aborder. Io qui s’étouffe sur la planète terre, celle qu’il n’a jamais réellement convoitée, salie par ces vies étranges, eux qui le fascinent et pourtant abîment ce qui lui est tellement cher.
Je viens.. Je viens d’arriver en ville, je… m’appelle Io, pardon, j’ai pensé… Eu des idées stupides, Asriel qui s’affole, Asriel qui recule devant celle qu’il pourrait souffler jusque dans les galaxies, implorant, il faut qu’elle se rappelle, il a tellement besoin d’un peu d’humain dans cette existence morne qu’Ils lui ont imposés, les deux fous à cornes et plumes, avec leur guerre et leur fin du monde dont il se sent si peu concerné, brûlez-les, il gardera les pléiades.
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