justice hunts the wicked as death hunts the dying (ft. Rorschach)

dance with death; it is at your doorstep
Iseult & Rorschach

Je ne fus pas réveillée par le son de l’alarme mais plutôt par celui de mon cellulaire. Bien qu’au début, je ne m’enquis guère de l’appel, je fus bientôt obligée de me précipiter sur l’appareil sur ma table de chevet. « Oui, » dis-je d’une voix encore somnolente. « Blackwood, on a besoin de toi. Un suspect a échappé à la patrouille, l’unité spéciale le cherche et demande à ce que tous les détectives disponibles prêtent main forte. » Je ne pus m’empêcher de soupirer. Non mais ils n’avaient pas d’autres auto-patrouilles pour le faire? « Où et à quelle heure? » La voix de mon sergent ne se fit pas attendre. « Le plus vite possible et au commissariat. Shawn t’attend pour que vous puissiez faire votre tournée en duo. » Ce ne fut non sans mal que je me levais de mon bon nid douillet, tassant du revers de la main la pile de dossiers d’enquêtes étalés sur le lit. J’avais encore passée une grande partie de la nuit à parcourir les différentes photos et rapports, à la recherche d’un lien, d’une explication quant à la présence constante de cette mystérieuse silhouette masculine. J’allais donc devoir fonctionner aujourd’hui avec un deux ou trois heures de sommeil sur le corps. Cela équivalait à dire que j’allais être grognonne toute la journée.

Afin de ne pas arriver en retard au commissariat, je me précipitais dans la salle de bain afin de me préparer, puis sortir en courant de l’appartement sans même prendre le temps de me faire un café. Vous savez ce que cela veut dire, n’est-ce pas, lorsqu’une femme de mauvaise humeur part pour le travail sans sa dose de caféine. Heureusement pour moi, je pus passer par un Starbucks non loin au service à l’auto afin de commander une bonne boisson chaude avant de me rendre au commissariat. Une fois sur place, je suivis Shawn qui m’attendait déjà devant les portes du hall. Il me mit au courant de l’affaire. Deux jeunes garçons reliés à un cartel au Mexique et au flux de drogues à New York avaient été capturés. Cependant, il y en avait un qui s’était échappé, le leader du groupe. Sans poser de questions, j’embarquais dans la voiture et scrutait, tout en sirotant mon café, chaque ruelle alors qu’on roulait plutôt rapidement. Rien. Pendant près de 45 minutes, il n’y avait aucun signe du suspect. Finalement, après un détour, Shawn remarquait une maison plus reculée, sans voitures dans le stationnement mais avec du mouvement dans la maison. L’emplacement de cet endroit était parfait pour un criminel en fuite et, ne suivant que son instinct, mon partenaire rangea la voiture plus loin avant d’entamer une marche jusqu’à la porte d’entrée. Je le suivis de près et lorsqu’on fit face à une immense porte en bois, j’aperçu du sang sur la poignée. N’hésitant pas une seule seconde, je cognais à la porte et m’adressait de vive voix. « NYPD, ouvrez la porte immédiatement! » Aucun bruit. Shawn imita mon discours, mais ne reçut aucune réponse. Toutefois, nous entendîmes quelqu’un claquer la porte arrière. J’agrippais alors mon revolver et me précipitais vers le jardin de la maison. C’est alors que je vis un homme suspect en train de courir. En brandissant mon arme sur lui, je criais : « NYPD, arrêtez-vous! Vous êtes encerclé! » Bon, on n’était que deux détectives, mais il fallait mieux qu’il croit être dans une impasse plutôt qu’il ne sache la vérité. Je m’attendais donc à ce qu’il se mette à faire les idiots en m’entendant, mais pas qu’il commence à tirer comme un con. Voilà qu’il essayait de jouer les mafieux et brandissant son revolver de droite à gauche. Je tentais ma chance en sortant ma tête de ma cachette, dos à la clôture de bois qui donnait sur la cours arrière. Malheureusement, il sembla me remarquer car il tira en ma direction, me manquant de près. Merde! Manquait plus que ça! Et quoi d’autre encore, que le ciel me tombe sur la tête?  

© ACIDBRAIN

Cascades de vies. Il séjourne à quelques réunions, à ces meetings ennuyeux où sa présence est requise. Gestion d’une entreprise de pharmaceutique. Comble pour la Mort. Il n’a rien trouvé de plus intéressant, de moins fatiguant. Nécessité d’argent pour ses poches. Dérober aux cadavres est devenu trop difficile. Trop de morts aux poches trouées, jamais assez de riches, de comptes gras d’économies douteuses. Les mortels parlent, encore et encore, évoquent des termes qu’il ne connaît pas. Fatras d’informations qu’il leur laisse. Jeune personne à ses côtés qui prend tout en note. Charmante âme qu’il veille depuis des années. On veut le retenir, lui dire qu’il y a encore quelques détails à régler. Pas le temps. D’autres occupations. La liste s’est allongée entre temps. Des faucheurs qui ne font pas leur travail, des recrachés de l’enfer qui se plaignent, et toutes ces âmes qui n’ont pas leur place sur Terre – les errants. Il doit intervenir, encore une fois. Les mortels sont abandonnés, il s’excuse, joue de politesses et le voilà dehors.

Apparition. Disparition. Jeu de piste avec un humain qui aurait du mourir. Quelques uns échappent à la faux. Quelques chanceux qui s’octroient un sursis. Il vient pour achever le travail, mettre fin à la vie. Death n’est pas le seul à convoiter un corps. D’autres sont présents. Policiers. Sonnent les furies sur les toits des voitures, grognent les radios, courent les flics vers une souris qui se faufile aux ruelles étroites. Une voix interpelle. Une connaissance. Il se fige, curieux. Trop d’âmes ont son intérêt depuis ces derniers mois, d’autres pour les dix dernières années. C’est un tri qu’il doit faire prochainement. Blondine qu’il voit cavaler au coin de la rue, emprunter des chemins de traverse pour attraper le fugitif. Elle. Petite fouineuse, intéressante personne qu’il surveille depuis des mois. Sur sa trace. Mortelle étrange. Une qui s’intéresse à l’improbable. Death sur de nombreuses photos, à des années trop espacées. Même visage. Le temps sans effet. Il sillonne derrière elle, observe quand une balle manque de percuter l’épaule. Second jeté. Il voit la fumante s’accrocher dans la chair. Sa main tendue n’a pas arrêté la balle. Aucun droit d’intervenir. Ombre qu’est devenue sa chair. Evidemment. Tour de passe-passe qui ne dépend pas de lui. Pas une plaie. Juste un effleurement des tissus. Il s’approche, côtoie encore quelques ombres. « Vous courrez après un chien fou… c’est inutile, il est condamné » Crachats de plusieurs coups. Les douilles au sol. L’homme est abattu. Plus loin, dans d’autres ruelles. Rorschach, du nom mensonger, s’approche de la plus jeune, de la blessée. « Vous ne devriez pas en mourir. Ce genre de plaie n’est pas dangereux… je crois » Humains si fragiles, si prompt à rejoindre la tombe. Il ne fait plus la différence entre les blessures.

blabla: